Picha, Biennale de lubumbashi, @Guy Woueté
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6e biennale de Lubumbashi : l’exemple de collaboration entre Africains

Le plasticien camerounais Guy Woueté a exposé son travail au mess de la Gécamines, dans le cadre de la 6e biennale de Lubumbashi. Inaugurée le jeudi 24 octobre 2019, cette rencontre artistique devait se clôturer le 24 novembre. Si je parle de cet artiste, c’est pour admirer la preuve de collaboration possible entre Africains. 

Très vite, j’ai compris, à travers le travail de l’artiste camerounais, que réussir devient un cheminement, une voie, une quête de « généalogies futures ». Naturellement, c’est en vue de « décentrer la production des connaissances » et trouver des esthétiques qui nous ressemblent. Ou dans lesquelles nos populations s’identifient, afin de résoudre nos problèmes.

Les marchés en Afrique

J’ai compris que l’art n’est pas un rêve. Ou n’est pas que des idées. Visiter l’œuvre de Guy Woueté, c’est partir pour un dialogue avec soi-même. C’est vivre son reflet, au contact d’objets installés.

Deux vidéos passent en boucle sur des écrans placés dos-à-dos près d’un sac fait en wax africain. Celui-ci est rempli de charbons de bois, à côté d’une enseigne lumineuse. Elle reflète la phrase en français et traduite du français en anglais : « Les marchés en Afrique sont les berceaux des rituels poétiques. »

Les vidéos ont été tournées lors des repérages dans un marché de Lubumbashi, sur un étalage. Un « pasteur » priait en plein midi pour que les « dieux » envoient des clients à sa « fidèle ». Puisque c’est la voie pour que lui-même, le pasteur, arrive à avoir sa dîme. La scène est simplement folle. L’artiste a tout de même payé un pagne.

Se refaire, se réorienter aussi pour survivre ?

L’achat par l’artiste, du commerce de la dame qui a eu le « malheur » de vendre devant le siège de Picha ASBL, est à mon sens, un acte interrogateur. Vu qu’il semble questionner le choc que ressent cette femme, appelée à se refaire, à se réinventer, à trouver d’autres repères pour continuer à survivre.

Cet acte « brutal » et « brusque », l’achat dans des conditions improbables (non parce que Dieu a exaucé la prière du pasteur, mais parce que l’artiste a exprimé sa sensibilité), n’est pas sans rappeler la fameuse histoire des « départs volontaires » des employés de la Gécamines.

Affamés pendant plusieurs années, plusieurs employés de cette société publique congolaise ont commencé à mourir après avoir reçu leur « jackpot ». Des sommes d’argent surprenantes par leur importance pour des gens restés sans salaire des années durant.

Il me semble que c’est en travaillant ensemble avec des danseurs, un psy et bien d’autres personnes de Lubumbashi, que Guy Woueté a réussi son pari : écrire son récit depuis l’équateur. Et en cela, la sixième biennale de Lubumbashi réussit son rôle de décentrer la production des connaissances!

 

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