L'usine de la Biopharco à Mbujimayi
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Les solutés de l’Usaid et de l’UE tuent la Biopharco

La Biopharmaceutique du Congo (Biopharco) est une usine spécialisée dans la production de solutés pour la perfusion des malades à Mbujimayi. Hélas, sur le marché, elle fait face à une concurrence qui la contraint petit-à-petit à la faillite. La Biopharco ne sait plus vendre ses produits, car localement l’Usaid et l’UE distribuent les mêmes produits gratuitement.

J’ai rencontré un matin le directeur général de la Biopharco, Léonard Kembe. Dans son bureau à côté de la cathédrale Saint Jean-Baptiste de Bonzola à Mbujimayi, il m’avait l’air très inquiet. Voici ce qu’il m’a dit : « L’état actuel de la Biopharco est déplorable. La société fait face à une concurrence féroce des produits importés par des organismes internationaux, notamment des solutés venues des firmes indiennes. Ils nous ont ravi tous les marchés en distribuant gratuitement leurs produits ou en contrepartie d’une modique contribution aux zones de santé et formations sanitaires du Kasaï-Oriental et des provinces voisines. »

Un des fleurons de l’économie du Kasaï

La Biopharco a une capacité de production d’un million de poches de sérum par an. Mais désormais faute de clients, la production est descendue jusqu’à quarante mille poches seulement par an. Dans ces conditions, « il est difficile voire impossible de faire face aux charges de la société. Il va falloir fermer », explique le directeur avec peine.

Pourtant, cette entreprise a contribué à la création de plusieurs emplois directs et indirects dans la province. La ville de Mbujimayi est en train d’assister là malheureusement à la disparition d’un des rares fleurons de son économie. Je déplore le fait que l’État ne fait rien pour maintenir la Biopharco en vie. Le dumping pratiqué par des firmes étrangères, aidées en plus par l’exonération de taxes et impôts, est à la base du bradage des prix des liquides de perfusion importés sous le label Usaid ou UE.

Dans la lutte contre le choléra, pas de solutés locaux !

Pendant plus d’une année, le Kasaï-Oriental lutte sans succès contre l’épidémie de choléra. Force est de constater qu’aucune goutte de sérum local n’est utilisée dans les centres et unités de traitement de choléra. On préfère faire venir les solutés de l’Inde pour soigner les malades du Kasaï-Oriental, alors que les produits locaux peuvent bien faire l’affaire.

D’ici l’année prochaine, la Biopharmaceutique du Congo va totaliser 30 ans d’existence. Pendant presque 3 décennies, cette usine de Mbujimayi a exporté ses produits dans plusieurs pays africains, notamment en Zambie, en Centrafrique et au Congo-Brazza. Voilà qu’elle risque de disparaitre. Cela me brise le cœur.

J’exhorte donc le gouvernement congolais à mettre en place des politiques qui non seulement protègent les entrepreneurs nationaux contre la concurrence étrangère, mais aussi encouragent la consommation des produits made in Congo.

 

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Les commentaires récents (4)

  1. La régulation, par les autorités publiques, de ce genre de secteur est plus que capital. Il est important de se lancer dans des mesures favorisant le lobbying pour que ce genre d’organisations se maintienne.

  2. Je ne pense pas que ce soit au gouvernement de mettre des politiques en faveur des produits locaux (quoi que cela serait un plus pour nous) mais à la société elle même de se battre pour sa survie, attendre l’aide du gouvernement est platonique.

    1. Je ne suis pas d’accord. Ces entreprises sont exonérés de taxes er consort. Er cela a des effets néfastes. Regardez dans les autres pays africains combien de fleurons africains ont dû fermé face à ce type de situation. L’état a un droit de regarde et ensuite cette entreprise ne va pas concevoir des serums gratuits…
      Lisez le livre de dambisa moyo intitulé dead aid. Vous trouverez des idées folles sur la crise de ce type sur tout le continent.

  3. Nous avons là l’exemple d’une entreprise qui a longtemps vécu sur ses lauriers sans vouloir se transformer, ni se moderniser comptant sur ses succès passés sans prévoir l’avenir, surtout quand elle détient un important marché à l’exportation et devoir fermer car elle n’a pas su faire évaluer ses coûts de production. Ce type de dirigeants doivent céder leur place à de nouveaux capitaines d’industrie plus entreprenant et clairvoyants; ce pays en l’occurrence cette province souffre d’insuffisance d’entreprises, nous devons être exigeants avec ceux qui sont sensés gérer le peu qu’il y a il faut céder sa place tant qu’il est encore temps pour sauver ce qui peut l’être. A bon entendeur salut!! JF MUKENDI -analyste financier.