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RDC : un gouvernement saucissonné et testostéroné

Plus on attend un événement largement « teasé », plus on risque d’être déçu. Ainsi était-il prévisible que l’opinion congolaise serait désillusionnée à l’annonce d’un gouvernement enfanté 30 semaines après l’investiture du chef de l’Etat Félix Tshisekedi et 100 jours après la nomination du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba

Pourtant, à l’annonce nocturne de l’« heureux événement », entre le 25 et le 26 août, certains détails pouvaient laisser penser que cette opinion publique serait « déçue en bien », comme le disent les Suisses… Sujet de théorique satisfaction : le slogan « le changement c’est maintenant » emprunté à la philosophie déceptive de François Hollande est étayé par le fait que la nouvelle cohorte de ministres est largement exempte de caciques de l’ancien régime (76,9 % des ministres n’ont jamais été membres de gouvernement auparavant). Promesse du camp Kabila donc tenue. De même, les 26 provinces de la RDC sont heureuses de constater que chacune d’entre elles est représentée dans la nouvelle équipe…

Un gouvernement pléthorique 

Le décorticage minutieux de la nouvelle liste douche les enthousiastes de la première alternance par les urnes, à commencer par le dénombrement des ministres. Pléthorique – 65 portefeuilles au total – l’équipe ne devrait guère inaugurer une réduction globale du train de vie de l’État. Pour satisfaire un nombre exorbitant de forces coalisées –raison, par ailleurs, de la durée des tractations – il aura fallu saucissonner la traditionnelle répartition des domaines d’intervention : subdiviser les siamois « Jeunesse » et « Sport », séparer l’« Agriculture » de la « Pêche » et de l’« Elevage » , tronçonner « l’Enseignement supérieur et universitaire » et les Recherche scientifique et Innovation technologique. »  

Faible représentation de la femme 

Autre raison d’être perplexe : dans ce pays voisin du paritaire Rwanda, l’équipe gouvernementale ne comprend que 17% de ministres féminins. La critique avait manifestement été anticipée par Sylvestre Ilunga Ilunkamba qui n’a pas tardé à vanter les portefeuilles attribués aux femmes : « Nous avons une dame vice-Premier ministre, ministre du Plan et une dame ministre d’État, ministre des Affaires étrangères. » Gare à ce que ce poste de vice-PM – quatrième d’une série de cinq – ne devienne une coquille vide à vocation de trompe-l’œil…

Bahati Lukwebo oublié ? 

Pour le reste, les observateurs notent que dans cette théorique « large ouverture », les adversaires irréductibles de Joseph Kabila ont été soigneusement mis sur le banc, notamment le professeur Bahati Lukwebo et les aficionados du katumbisme. « Rien de plus naturel », s’exclament ceux qui rappellent que le camp de l’ancien président a obtenu la majorité législative. « Pourquoi alors une coalition gouvernementale, si ce n’est dans une optique d’union nationale ? », rétorquent les autres en soulignant qu’une « cohabitation » n’impose pas l’attribution de portefeuilles au camp présidentiel minoritaire qui a tout de même obtenu un bon tiers des postes. 

Mais « chut ! », reposer la question de l’énigmatique coalition FCC-Cach reviendrait à revenir sur l’étrange scrutin présidentiel…

 

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