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#UnivSansHarcelement : « Na ko bebese yo », un prof à une étudiante

J’ai entendu parler de cette campagne que Habari RDC associé à Si Jeunesse Savait et Amour Afrique ont lancé à travers la République pour mener une lutte contre le harcèlement sexuel en milieu universitaire. Pour aujourd’hui, je préfère venir en anonyme. Je voudrais aussi dénoncer cette pratique très courante dans les universités d’ici. Voici donc mon histoire tiré de mes cinq années d’étudiante en tant que Chef de promo.

J’étais alors en première année de graduat cette année-là, en 2012. Je devais être majeure de 18 ans à peine. J’aime les fonctions publiques, j’aime les lourdes responsabilités. Ces quelques critères ont suffi pour que je sois désignée chef de promo de mon auditoire.

« On dit que Basi ya ekolo na yo balingaka makasi » 

Depuis, je m’occupe donc des microphones, des piles, de la clé de l’auditoire, je sers d’intermédiaire entre étudiants et professeurs. A chaque fin de journée, je dois rencontrer au moins 5 professeurs ou leurs assistants et chefs de travaux pour verser la somme des supports de cours vendus. Très vite, je remarque qu’un professeur me retient jusqu’au-delà de 19 heures dans la salle des scientifiques alors que les cours s’arrêtent à 17 heures.

C’est tous les jours que cela arrive. Par moment, il se faisait que je quitte la fac à 20h30 à cause de ses réunions aux allures bizarres. Un jour, à ces mêmes heures, alors que tous ses pairs ont déjà quitté le bureau et les salles sont vides d’étudiants. Esquissant un sourire, il me balance une phrase du genre « On dit que Basi ya ekolo na yo balingaka makasi. Na bolingo ya solo (Il parait que les femmes de ta tribu. C’est vrai ce qu’on raconte ? Sais-tu que tu es très belle? Oh! Avec tes yeux d’innocente… » Je peux encore m’en souvenir comme si c’était hier. Et moi, d’une politesse naturelle, je répondais « Je ne sais pas Prof. C’est ce qu’on raconte, mais je n’en sais rien ».

« Tu dois faire très attention avec ce professeur »

Par sécurité, j’ai décidé de commencer à y aller avec mon autre collègue CP, un homme. Le professeur le chassait malheureusement. Lui aussi, très avisé, ne voulait pas quitter le bureau ou ne pouvait pas aller loin de la porte d’entrée. « Il veillait sur moi » en quelque sorte bien qu’il ne voulait pas être clair quand il s’agissait de me prévenir. « Tu dois faire très attention avec ce professeur. Ce n’est pas une bonne personne » me disait-il.

Dans l’auditoire, devant tous les étudiants, il ne cessait de répéter cette phrase aux étudiantes : « Yo! Nakobèbèse yo; ozosakana ? Ngayi na bebèsaka. Oyebi té ? ». Comprenez par-là, « fais gaffe, je vais faire de toi mon bébé… j’en suis un spécialiste ». Il le répétait tellement que ça ne gênait plus personne de l’entendre le dire.

Tout ce qui est bien, qui finit bien, vers la fin de l’année, nous nous sommes répartis les responsabilités avec mon collègue dont je vous ai parlé précédemment. Désormais, il s’occupe des enseignants qui représentent un danger pour moi, les potentiels harceleurs et moi je gère ceux qui font preuve de respect de l’éthique. Pas assez efficace comme solution, mais c’était ça la solution du moment qui m’a donné un peu de répit cette année-là. Car en 2e graduat, je suis reconduite chef de promo et là encore, une autre histoire de harcèlement m’attend. Je vous la raconte dans un autre billet…

 

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Les commentaires récents (2)

  1. BNJR
    CEST MA PREMIERE FOIS DE VOUS LIRE ET CELA ME VA DROIT AU COEUR,
    ETUDIANT DE MON ETAT JE SUIS ENTRAIN DEVIVRE DES TELLES HISTOIR DANS MON UNIV AVEC MES CAMARADES AMIES DEUX D’ENTRE EUX M’ONT DJA RENCONTER DE COMMENT ELLES ONT ETE ET LE SONT ENCORS PAR LES ASSISTANTS VRAIMENT CE DEPLORABLE EN RDCONGO PRECISEMENT A #GOMA