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Joseph Kabila et l’invention glissement

Des sanctions américaines et européennes, et des menaces d’arrêt de coopérations, des contestations dans les rues des grandes villes de RDC, … aucune pression n’a fait fléchir Joseph Kabila. Il reste au pouvoir alors que son dernier mandat a expiré le 20 décembre : l’inévitable glissement a pris chair.

Alors que les puissances internationales appelaient à la démission du « Raïs » (président), Kabila n’a pas tari de stratagèmes pour se maintenir au pouvoir. Le voilà en plein « glissement », le nouveau concept politique made in Congo. Par cette formule qui consiste à dépasser le mandat électoral en contournant la loi (par des excuses peu ou prou acceptables), le glissement, le pouvoir de Kinshasa a misé sur le refus de financer l’organisation des élections.

Ainsi, à la fin de son mandat, Joseph Kabila n’a pas de successeur élu. Il puise dans la Constitution sur l’article 70. « A la fin de son mandat, le président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau président élu », note cette disposition à laquelle Kabila s’accroche pour prouver toute légalité. Heureusement pour lui, ce glissement a été entériné par la Cour constitutionnelle, la plus haute instance judiciaire du pays que plusieurs ne s’empêchent pas de critiquer pour son manque de neutralité.

Le silence mystérieux de Joseph Kabila

Les occidentaux et l’opposition congolaise, pourtant hostiles au maintien de Joseph Kabila, peinent à décrypter à l’avance la tactique politique du président Congolais. Un accord avec une frange minoritaire de l’opposition signé le 18 octobre dernier prévoit que le président Joseph Kabila dirigera une transition de deux ans. Mais le texte ne mentionne aucune interdiction au chef de l’État de briguer un troisième mandat ou de modifier la Constitution. Suspect, pour l’autre opposition !

Mais pendant que ses concitoyens se posent plusieurs de question sur ses réelles intentions, Joseph Kabila n’a que son silence d’or, entretenant la confusion. Ainsi s’approche-t-il de l’éventualité d’un 3e mandat interdit par la Constitution. Il est plutôt tenté par ses voisins rwandais et burundais qui pourtant, n’ont pas eu de peur à se déclarer candidats au mandat non autorisé.

Vers un glissement collectif ?

Après avoir convaincu une partie de l’opposition de lui accorder un prolongement de séjour au palais présidentiel, Joseph Kabila se montre très ouvert et prêt à tout concéder sauf son fauteuil. Ainsi l’église catholique, à travers la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), semble avoir été chargée de convaincre une large partie de l’opposition en vue d’un glissement généralisé. On appelle cela « large consensus » qui viendrait décrisper la crise actuelle. Un accord politique entre la majorité et l’opposition est attendu d’ici le 30 décembre.

En espérant que cet accord soit signé, l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo, a adressé un message clair d’alternance pacifique au pouvoir lors de son homélie de Noël. « Le fait de prendre le pouvoir par les armes ne justifie pas qu’on ne puisse le quitter que par les armes. » évitera-t-on ainsi l’éventualité d’une épreuve de force par laquelle arriverait l’alternance ? Vivement recommandé. Nous n’avons pas besoin de nouvelles violences.

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