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Kanyabayonga : la route de l’enfer !

Très dangereux l’axe-routier Rutshuru-Butembo sur la nationale No 4. Kidnapping, braquages, fusillades et pillages y ont élu domicile. C’est la route de la mort. S’engager sur une telle route qui passe à côté du parc des Virunga, revient à prendre beaucoup de risques. J’ai effectué ce voyage la peur au le ventre.

À cause de l’insécurité sur ce tronçon, les autorités provinciales ont instauré depuis six mois un système tel que tous les véhicules transportant passagers et marchandises doivent être escortés par des militaires armés jusqu’à destination.

Un voyage périlleux

D’abord, cette route Rutshuru-Butembo est longue de 180 km. Le danger y est permanent. Plusieurs fois, des voyageurs ont été enlevés ou tués et leurs  marchandises pillées par des brigands ou des groupes armés.

Il était 6h30’ à Rutshuru-centre. La gare routière était noire de monde. Je pouvais compter plus d’une cinquantaine de véhicules en attente de passagers.

Nos formalités d’embarquement terminées, nous avons attendu deux heures l’arrivée des véhicules militaires chargés de nous escorter.

Par camion le voyage est très éprouvant

D’habitude je prends un bus pour aller à Butembo. Mais cette fois-ci j’avais décidé de voyager à bord d’un camion Fuso. Je me suis simplement perché à l’arrière, au dessus de sa cargaison.

Avant de quitter la gare routière, tous les véhicules sont enregistrés. Côté escorte, c’est toujours un militaire haut gradé qui est responsable de la sécurité du convoi sur la route. Il coordonne les mouvements et donne des consignes de sécurité par talkie-walkies à ses hommes.

8h30’ : départ. Un voyage de tourments commence. Ils ne sont que six militaires qui accompagnent notre caravane de plus de cinquante véhicules. Trois militaires devant et trois autres derrière le convoi, dans des pick-up.

Première étape, Kanyabayonga

Kanyabayonga est situé au niveau du parc des Virunga, à une cinquantaine de kilomètres de Rutshuru-centre. En plus du mauvais état de la route, l’insécurité bat son plein. Malgré la présence des militaires qui nous protégeaient, une femme assise à côté de moi a très peur. Elle incline sa tête et se met à prier pour la route. Un autre voyageur derrière me chuchote : « Pas d’urgence, on roule entre 20 et 30Km/h. »

Pendant qu’on s’avance en plein parc des Virunga, la peur s’empare de moi aussi. C’est l’un des endroits les plus malfamés. Soudain, une crevaison ! Quel coup de tonnerre ! La panique s’empare de tout le monde à bord des véhicules. Je me demandais : est-ce vraiment une crevaison ou une attaque armée des coupeurs de route ? Les coups de balles commencent à retentir. Ce sont des tirs de sommation effectués par les six militaires qui nous escortaient.

Véritable débandade

Tout le monde saute vaille que vaille du haut des véhicules et trouve refuge dans la forêt. J’ai vu des femmes et des enfants faire des chutes libres du haut des véhicules. Moi-même je pensais m’être fracturé en tombant. Dieu merci, j’étais saint et sauf. Je me suis retrouvé dans la forêt sans le savoir.

Quelques minutes après l’accalmie, tout le monde sort de sa cachette et nous remontons dans nos véhicules respectifs. Le voyage continue, le calvaire aussi. Malgré tout, nous sommes tous bien arrivés à Butembo : sains et saufs.

Le gouvernement doit restaurer l’autorité de l’État sur les routes de Rutshuru. Faire escorter les véhicules par des militaires n’est pas une solution durable. Que le parc des Virunga soit débarrassé de tous les groupes armés qui y sèment la terreur. Ainsi, on aura plus besoin d’avoir des convois armés pendant un voyage !

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