Ce matin, alors que mon abonnement internet arrive à expiration, je me rends chez un revendeur agrée pour racheter quelques « méga-octets de données » afin de pouvoir de nouveau naviguer sur la toile.
Pour 1000 FC, j’ai aujourd’hui un paquet de « 100 méga-octets » alors que pour le même montant je recevais entre 200 et 250 méga-octets il y a encore quelques semaines. Ce revendeur, m’explique que les prix ont augmenté et qu’il se conforme au prix du fournisseur.
De nouveau connecté, je me rends compte que je ne suis pas le seul à m’insurger contre cette hausse délirante des prix. Des centaines d’internautes hurlent contre cette augmentation non justifiée du prix d’accès à internet. Je reçois d’ordinaire des messages de mon opérateur téléphonique, mais cette fois-ci, aucun SMS pour expliquer cette hausse du prix. « Que font les responsables des relations publiques dans ces entreprises de télécommunication ? » pensais-je soudains.
« La révolution de la modernité », en panne?
« La révolution de la modernité », c’est grâce à ce célèbre slogan des autorités congolaises que l’actuel président de la RDC a été réélu en 2011. Il constituait le pilier du projet de société de Joseph Kabila. En ce qui concerne les nouvelles technologies de la communication, le pays devait se doter d’une fibre optique qui faciliterait l’accès à internet avant la fin de son mandat. Mais nous attendons toujours que ce rêve se réalise !
Si ce programme avait été effectif, les congolais n’auraient plus besoin de recourir à ces entreprises qui mettent en place des tarifs exagérés ! D’autant que leur « débit » (puissance du réseau internet) ne répond pas à nos attentes. C’est inacceptable !
Le gouvernement n’est pas au courant
Le député Patrick Muyaya a initié une question orale à l’assemblée nationale contre le ministre Thomas Luhaka, des Postes, télécommunications, nouvelles technologies de l’information et de la communication. Le ministre souligne que cette hausse de la tarification échappe à son ministère bien qu’il ait demandé à l’autorité de régulation des postes et télécommunication (ARPTC) de mener une enquête sur cette augmentation des prix qu’il juge lui aussi exorbitante.
Le boycott !
En réponse à ces augmentations, un boycott citoyen s’organise peu à peu. Des hastags tels que #RoamingData appellent les internautes vivant dans les villes frontalières (Kinshasa, Goma, Bukavu, Kipushi, Zongo, Mahagi, Kahemba) à se connecter aux fournisseurs d’accès à internet des pays limitrophes. Les habitants des provinces du centre du pays s’insurgent eux aussi et s’abonnent aux fournisseurs par satellite non concernés par cette hausse.
Des manifestations en gestation
Les internautes crient à la censure, voyant dans ces augmentations des manœuvres du pouvoir en place visant à restreindre la liberté d’expression en cette période préélectorale.
Le samedi 11 juin, une première action de contestation contre la hausse du tarif des données internet sera lancée à travers l’opération « #NuitDébout ». Les utilisateurs d’internet sont appelés à se réunir pour un sit-in devant l’immeuble « Intelligent », siège du gouvernement congolais à Kinshasa. Le rendez-vous est pris.