Oko yanga noix : quand un comédien encourage l’immigration clandestine

Parmi les expressions en vogue ces derniers temps à Kinshasa, il y a « Oko yanga noix ». Cette expression vante l’Europe et encourage l’immigration vers ce continent. Mais l’image qui est donnée de l’occident n’est nullement la réalité sur place.

L’artiste Verlain Buduku dit « Pinzoli » encourage l’immigration clandestine malgré tous les risques qu’elle comporte. Dans l’une de ses vidéos, qui a rendu célèbre l’expression « Oko yanga noix », il explique qu’il est immigré clandestin. Ce qui veut dire « Ko bwaka ngunda », en lingala kinois. « J’ai immigré clandestinement. Vous dites que je vais mentir contre le gouvernement… Oui je vais le faire, car même Abram dans la Bible l’a fait. Même Jésus était un clandestin en Egypte, alors pourquoi pas moi ? », explique Verlain Buduku.

Parlant de l’Europe, le comédien ajoute : « C’est comme si je suis dans le jardin d’Eden. Si tu n’es jamais arrivé en Europe, tu rates de belles choses. L’Europe c’est comme le paradis… Il te sera impossible d’entrer au paradis si tu n’as jamais été en Europe. »

Certains Congolais de la diaspora ont tendance à montrer qu’ils vivent mieux en Europe alors que la réalité est toute autre. Avec la magie des réseaux sociaux, de belles images d’Instagram, des Snaps dans les MackDo…. Comment ne pas rêver de l’Europe pour voir sa vie changer d’un coup ?

Pendant ce temps, on compte des morts

Dernièrement, 150 migrants ont fait naufrage au large de la Mauritanie. 62 d’entre eux sont morts. Les statistiques sur l’immigration clandestine ne sont jamais bonnes. Plus de 1090 migrants et réfugiés sont morts l’année dernière en Méditerranée           selon l’ONU.

De là, entendre un artiste comédien – aujourd’hui devenu influenceur – encourager l’immigration clandestine et dire ouvertement qu’il va mentir contre le gouvernement congolais pour obtenir le droit d’asile, ceci est condamnable. Verlain Buduku est surement déconnecté de la réalité. Sachez qu’une fois arrivé en Europe, la vie n’est pas aussi rose qu’on nous la présente sur les réseaux sociaux.

Lors d’un court séjour en Europe, non loin de l’hôtel où j’étais logé, j’ai vu des jeunes noirs passer la nuit dans la rue alors qu’il faisait froid, beaucoup trop froid, je dirais. Au moindre passage d’une personne de même couleur de peau qu’eux, ils n’hésitaient pas à laisser un petit sourire qui sous-entend une demande d’aide à un frère. Lui offrir une couverture, de l’argent ou de la nourriture, tout peut l’aider. La collègue qui me faisait découvrir la ville me dit : « Ce sont des migrants…»

Dans un article précédent, mon ami Rodriguez Katsuva  a démontré qu’on peut manquer de tout en Europe. Retrouvez son article en cliquant ici.

Je suis allé dans un magasin à La Haye où je voulais acheter quelques habits pour ma fille qui venait de naitre à Kinshasa. J’ai croisé une mère accompagnée de sa famille. Ils parlaient tous lingala comme moi. Dans ce magasin, ils n’achetaient rien, ils fouillaient plutôt dans les objets non vendus et abandonnés dans un coin pour se procurer de quoi se vêtir et ramener à la maison. C’est aussi ça la vie en Europe. Celle qu’on ne nous raconte pas et que vous ne verrez jamais sur Instagram.

Nous avons la liberté de nous installer où nous voulons, mais s’il faut le faire, faisons-le dans les conditions requises. La clandestinité n’est pas une voie à recommander. A mon avis, une personne qui vit aisément au Congo vaut mieux que celle qui souffre en Europe. Alors, vu sous cet angle, je dirais que vivre au Congo « eza ko yanga noix te ».