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« Se fondre dans la masse », le mode de survie des lesbiennes à Goma

Partout en Afrique, l’homosexualité est combattue car elle est jugée contraire aux valeurs et mœurs africaines. A Goma, à l’Est de la RDC, des lesbiennes vivent en couple, mais en toute clandestinité, à cause de l’homophobie de certains Gomatraciens. Elles sont obligées de se cacher. Interview.  

J’ai rencontré « Yvonne », (nom d’emprunt) une femme de 36 ans, à Goma. Elle est commerçante et mère de trois enfants. A l’époque, elle a été mariée sous pression de la famille alors qu’elle était jeune et consciente de son homosexualité. Elle ne pouvait pas dire ça ouvertement. Son mari l’a quitté il y a quelques années après avoir découvert leur l’incompatibilité sentimentale. Désormais, elle est libre et vit avec une autre femme. Yvonne raconte leur mode de vie dans une ville homophobe.

Les homosexuels et les lesbiennes de Goma se cachent toujours, est-ce une solution ? 

Yvonne : Oui, exactement ! Parce que tout le monde est homophobe ici. Y compris les membres de nos familles. Ils nous persécutent aux motifs que nous sommes une honte pour la famille, que nous sommes possédées par les démons. C’est une injuste discrimination. Se cacher : Oui. L’important, c’est de survivre au sein de cette société traditionnelle !

Avec ce mode de vie à « la cachette », votre sécurité est-elle assurée ?  

Non, pas tout à fait. Ceux qui me connaissent personnellement, par exemple, en tant que lesbienne, restent une menace pour moi sur tous les plans. Mais bon, on ne peut pas être aimée par tous. C’est impossible. Même Jésus a été crucifié. Pourtant, il faisait que du bien. Pour moi, et pour les personnes homosexuelles en général, le seul moyen pour s’assurer la survie et notre sécurité dans cette société homophobe est de se fondre dans la masse. La femme avec qui je partage ma vie, partout les gens savent que c’est ma grande sœur. Mais en réalité c’est ma compagne.

Comment peut-on reconnaître une lesbienne à Goma ? 

Ouf ! Question difficile. Si j’avais une réponse assez précise, je ne vous la donnerez pas. Parce que notre survie en dépend. Mais pour reconnaître une lesbienne, c’est simple : il faut d’abord la fréquenter, vivre et discuter avec elle. Avec le temps, tu connais tout, naturellement. Mais nous nous cachons toutes. On ne sait pas qui est qui réellement.

Les lesbiennes et les homosexuels de Goma se connaissent entre eux ? 

Je ne crois pas. Mais de petits groupes existent et des amitiés se créent. Moi je connais par exemple une dizaine de personnes dans ce cadre. Mais j’ai entendu qu’une association pour défendre nos droits est en gestation à Goma. Si elle existe un jour, peut-être, elle réussira à nous réunir ensemble et porter notre voix commune jusqu’au sommet afin que nous puissions sortir de nos cachettes. J’aimerais quitter ce mode de vie de la dissimulation, comme si nous étions des petites sorcières.

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Les commentaires récents (3)

  1. Pure abomination.j regrette vraiment d’entendre ca dans ma ville d’origine.pourquoi imiter l’homme de l’occident sans réflechir.c’est contre nos moeurs et valeurs culturelles africaines.