La RDC partage ses frontières avec neuf pays. Malheureusement, la plupart de ces frontières ne sont pas sécurisées. Des incursions de groupes armés des pays voisins sont souvent signalés. Les habitants des localités frontalières étrangères entrent et sortent du Congo en toute quiétude, sans passer par les services des migrations.
La porosité de nos frontières est non seulement une cause d’insécurité, mais elle entraine également un énorme manque à gagner pour le trésor public congolais, étant donné que les mouvements migratoires ne sont pas payés.
En janvier dernier, deux hélicoptères de l’Armée congolaise se sont mystérieusement crashés simultanément au Nord-Kivu dans la zone de Mikeno, (au pied du volcan qui porte le même nom). La zone est située non loin de la frontière rwandaise. Curieusement, selon les Forces armées de la RDC, des éléments de l’ex-rébellion du M23, pourtant censés se trouver dans un camp en Ouganda, étaient sur place à Mikeno. Le général major Léon Mushale, chargé des opérations Sokola II, dont la mission est de traquer les groupes armés présents au Nord-Kivu, avait affirmé lors d’un point de presse : « C’est une dizaine de jeunes Rwandais, venus rendre visite à Makenga, qui ont dévalisé les deux appareils et lui ont ramené les quatre personnes capturées. »
Inquiétante situation quand même ! Des jeunes venus d’un pays voisin pour rendre visite à un chef rebelle Makenga, lui-même ayant quitté l’Ouganda avec ses hommes, et sans être vus, a réussi à pénétrer le territoire congolais pour prendre en otages les membres d’équipage des deux hélicoptères ! Plus grave, ils ont purement et simplement détruit les deux appareils militaires des FARDC et ont emporté avec eux tout ce qui était à bord. Le général Léon Mushale s’est contenté de condamner en disant : « Nous ne tolérerons pas une telle présence sur le sol congolais qui va à l’encontre de nos objectifs militaires. »
La porosité des frontières confirmée
Les propos du général prouvent que les éléments du M23, avaient déjà traversé la frontière, sans rencontrer aucune résistance côté congolais.
Pire, cette porosité de nos frontières ne s’observe pas seulement en province du Nord-Kivu, c’est aussi le cas sur plusieurs sites frontaliers congolais. Mais c’est au Nord-Kivu que la situation de nos frontières parait plus grave.
À Rutshuru, un des territoires les plus affectés par ce phénomène, j’ai pu constater que du côté rwandais et ougandais, des militaires sont placés sur tout le long de leurs frontières. Par contre du coté congolais, il n’y a pas assez de surveillance ! Sur le tronçon Ishasha-Bunagana–Goma, plusieurs localités frontalières ne sont pas sécurisées par les Forces armées de la RDC. Bon nombre de ces localités sont sous contrôle de groupes armés rebelles.
À Buganza par exemple, les FARDC se trouvent à l’intérieur du territoire et non aux frontières. Malheureusement, à Kasisi, un poste de douane, on y trouve une concentration militaire dont la présence n’a pas pour objectif de sécuriser, mais plutôt de rançonner les populations civiles qui font traverser leurs marchandises. A Nteko, la situation est similaire. Là-bas, au lieu de sécuriser les frontières, les soldats congolais sont stationnés à plus de dix kilomètres. De Bunagana à Bukima, on ne voit pas de positions militaires des FARDC, excepté une station des gardes du Parc de l’ICCN (Institut congolais pour la conservation de la nature).
Il faut renforcer la sécurité aux frontières
A l’époque de Mobutu, l’armée était placée partout à nos frontières. Il y avait une réelle présence militaire dissuasive qui effectuait régulièrement des patrouilles dans les collines volcaniques et dans les points stratégiques à l’intérieur du pays. Actuellement, la présence armée sur les frontières est très faible. Il est nécessaire de renforcer la sécurité.
Les jeunes Congolais ont intérêt à s’enrôler dans l’armée nationale plutôt que dans les dizaines des groupes armés qui fragilisent les efforts des forces loyalistes.
C’est dommages