À Mbujimayi, la justice manque d’infrastructures appropriées. Les juges peuvent siéger sous un arbre et condamner des gens alors que la prison est pleine à craquer. Construite pour accueillir 150 personnes, la prison centrale de Mbujimayi héberge aujourd’hui plus de huit cents détenus.
Les prévenus sont écroués de la même manière que les condamnés. Ils vivent dans une promiscuité indescriptible. Ce qui favorise les épidémies telles que la tuberculose et autres. Pourtant, la justice continue à condamner des gens et les envoie dans cette prison. Certains sont détenus depuis plusieurs mois sans jugement.
Il est temps que l’État congolais puisse doter Mbujimayi d’infrastructures pénitentiaires dignes de ce nom. Même en détention, un être humain a droit à un bon traitement. S’il n’y a pas de place dans nos prisons, la justice doit cesser de condamner les citoyens. Car en incarcérant les gens dans des conditions inhumaines, elle se rend elle-même coupable de mauvais traitement.
Les biens saisis détériorés
Le manque d’espace ne concerne pas que les personnes. Les biens ayant fait l’objet de saisie judiciaire sont aussi concernés. La justice n’a pas d’endroit pour les conserver. Pas d’entrepôt, ni de garages. Pourtant, des motos et véhicules sont saisis tous les jours. Jean-Kayemba est le propriétaire de deux motos saisies au Parquet de Mbujimayi : « Mon dossier n’évolue pas depuis deux ans. Les deux motos sont décolorées et se détériorent chaque jour, car mal conservées. Toutes les deux roues ont été volées. Même si je devais revendre ces deux motos, je ne suis pas sûr de trouver preneur tellement elles se sont abîmées entre les mains de la justice. »
Même inquiétude pour une autre victime des biens saisis, en occurrence Joseph Mukendi. Il déclare : « Les procédures du parquet prennent plusieurs mois, parfois deux à trois ans. Les engins ainsi saisis sont conservés à ciel ouvert jour et nuit à la merci des intempéries : pluies, soleil, poussière… Et au moment du verdict, on réalise que ces engins ont vieilli et ne sont même plus vendables. Dans ce cas, à quoi la saisie judiciaire aura-t-elle servi ? »
Arrangement à l’amiable
Au vu de cette situation, les créanciers mais aussi les propriétaires de ces biens détériorés regrettent d’avoir fait recours à la justice. Pour eux, un arrangement à l’amiable aurait été préférable. Un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès, dit-on. Beaucoup regrettent d’avoir saisi la justice qui fait tirer les choses en longueur et ne protège ni les biens saisis, ni les justiciables.
C’est intéressant