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Bibiche Tankama N’sel : « Mon écriture est avant tout un travail de mémoire ! »

Ingénieure en électronique industrielle, Bibatanko, comme elle aime se faire appeler, est une écrivaine qui nourrit le rêve de vivre de la littérature. Avec trois ouvrages à son actif, Bibiche s’affirme comme l’une des voies féminines de l’écriture lushoise (de Lubumbashi). « J’ai l’ambition d’édifier par mon talent, les jeunes amoureux de l’écriture », déclare-t-elle.

C’est lors d’un atelier d’écriture dramatique qu’animait l’écrivain camerounais Kouam Tawa à l’Institut français de Lubumbashi, que Bibiche s’est décidée de se lancer dans l’écriture. C’était en 2019. « J’avais enfin envie d’utiliser mon écriture comme médium, pour pouvoir m’affirmer à la fois en tant que personne humaine et femme », explique Bibiche.

Naissance d’une passion

Écrire des livres est devenu une histoire de cœur pour Bibiche Tankama N’sel. Elle qui pourtant est ingénieure électronicienne de formation. Elle explique ce détour : « Ma passion pour les arts en général et l’écriture en particulier, s’est révélée un peu tard. Pourtant, j’ai toujours été parmi les sympathisants des artistes et de leurs œuvres, ayant moi-même un père peintre et poète. »

Si son premier recueil de poésie intitulé Eveil (2019) est vu comme une œuvre autobiographique, ses deux autres ouvrages constituent un vrai travail de mémoire. Son récit Mémorial du Mumbunda par exemple, rend compte de la vie de son défunt père au sein de la société Gécamines, le géant minier congolais. Bibatanko revient sur ce récit : « Il s’agissait de parler de cette société qui a bercé mon enfance, et d’analyser l’impact de sa politique paternaliste sur ma vie et la vie de mon entourage, donc, de beaucoup de Congolais. »

La reconnaissance

La plus grande reconnaissance viendra de sa pièce de théâtre Les mangeurs de cuivre. Dans cette pièce, l’auteure essaie de ressortir ce qu’elle est, tout en questionnant l’influence que pourraient avoir au quotidien ses racines ethniques sur sa propre vie. Pour Bibiche, c’était sa façon « de poser un regard sur les bouleversements inhérents à la chute de la Gécamines, en tant que poumon économique du pays ». Une belle réussite en écriture, qui lui vaut la présélection de sa pièce au prix RFI Théâtre 2022.

Des projets pour le futur

Bibiche ne tarit pas de projets. Dès 2022, elle s’essaie à la mise en scène à l’Institut français de Lubumbashi. C’était avec Les audiences de Saint Pierre, une adaptation du livre du professeur Alexis Takizala.

Actuellement, elle vient de finir l’écriture de sa deuxième pièce de théâtre intitulée Bunagana. Bibiche a entamé en même temps, la rédaction de son tout premier roman. Elle travaille déjà à l’adaptation en narration musicale du recueil de poèmes laissé par son père.

En fait, Bibatanko se bat pour l’écriture féminine. Une écriture sur et par la femme. Car, selon elle, « la femme congolaise a beaucoup à dire. Il faut lui laisser un espace d’expression ».

C’est donc clair que pour maintenir le travail de mémoire de son écriture, Bibiche sait qu’elle doit continuer à être créative. Comme elle le rappelle elle-même  : « Un artiste qui ne produit pas, meurt ; car l’artiste n’existe que par son œuvre. »

 

*Cet article est produit en partenariat avec  l’ONG Coopération Education Culture (CEC – Bruxelles), l’Institut pour la Démocratie et le Leadership politique (IDLP-Kinshasa) et l’association Investing in People (IIP – Kinshasa) dans le cadre du programme BOKUNDOLI. En savoir plus sur le programme Bukundoli

 

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