Officiellement les prisons et cachots de l’ANR, la terrible Agence nationale des renseignements congolais, sont fermés. C’était l’une des promesses phares du président Félix Tshisekedi. Même si la fermeture est encore à prouver, il n’en demeure pas moins que c’est un soulagement pour la population. Car qui dit ANR en RDC, dit tortures, détentions arbitraires, violations des droits humains, etc. Un ancien détenu à Goma nous raconte son séjour dans un cachot de l’ANR.
Amani Baraka (nom d’emprunt), est un militant des droits humains plusieurs fois arrêté et mis en prison. Sa dernière détention était d’une semaine dans un cachot de l’ANR, il parle d’un cauchemar qui le hantera toute sa vie. Témoignage.
Moins de 3 mètres-carrés d’espace pour 40 détenus
« Après mon arrestation pour des faits que je préfère taire car le dossier est en instruction, j’ai été jeté dans un petit cachot d’à peine 3 mètres sur 3. Il y avait déjà 36 détenus, dont près de 10 étaient mineurs. Aucune fenêtre, seul un petit trou pour aérer le lieu », raconte Amani Baraka. « La puanteur était insupportable dans la petite pièce », se souvient-il.
Amani n’a pas tardé à comprendre d’où venait l’odeur. Dans un petit coin, se trouvait un petit bassin sale qui servait de cuve de toilettes. On y urinait et on y déféquait, et ce bassin n’était vidé qu’une fois totalement rempli : « Ce bassin pouvait rester en place pendant un ou deux jours jusqu’à ce qu’il soit rempli. C’est après que nous allions le décharger. Personne n’avait droit à la douche, les sueurs et les odeurs corporelles s’ajoutaient à la puanteur », poursuit-il.
Acheter quelques privilèges par l’argent
« Pour quitter momentanément le cachot et rester dehors et respirer l’air frais, il fallait payer. Pour prendre une douche aussi. Les familles qui apportaient de la nourriture devaient payer pour que cette nourriture parvienne au détenu », affirme Amani. Des fois, le détenu devait payer un plus pour pouvoir manger cette nourriture.
Une autre punition était que les prisonniers ne dormaient pas : « Nous n’avions aucun droit à un sommeil digne de ce nom. On dormait débout s’il n’y a pas moyen de s’accroupir. La fatigue psychologique due au manque de sommeil était indescriptible. »
Des risques de maladies et de contamination
Amani Baraka nous a fait savoir qu’aucun examen médical n’était effectué en faveur des détenus. Déjà, les conditions hygiéniques exposent les pensionnaires aux maladies hydriques et des mains sales. Il y a aussi le risque de contamination, vu la promiscuité. Cette promiscuité expose aussi aux maladies pulmonaires, tellement l’air qu’on respirait était nauséabond.