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Le choléra gagne du terrain à Mbujimayi

C’était prévisible et ça se confirme. Le choléra que l’on croyait vaincu à Mbujimayi est toujours là et intensifie ses ravages. Rien que dans le chef-lieu du Kasaï-Oriental, le nombre de morts se compte déjà par centaines. Pas moins de 104 morts en l’espace de deux semaines seulement. Les populations sont paniquées.

Ces derniers jours, la plupart des tombes de nos cimetières sont remplies de victimes du choléra. Mbujimayi compte ses morts chaque jour : des hommes, des femmes et des enfants emportés par l’épidémie au bout de trois ou quatre jours de diarrhées violentes.

104 morts en deux semaines ! Même le virus Ebola n’a pas fait une telle catastrophe à Bikoro dans l’ex-province de l’Equateur. Mais pour le choléra à Mbujimayi, on a dénombré plus de 834 cas, avec une moyenne de 20 cas et 4 à 7 décès par jour, et la série continue. Aucune des cinq communes de Mbujimayi n’est épargnée, révèle le ministre provincial de la Santé Hyppolite Mutombo, se référant au tableau épidémiologique.

La panique dans la ville est telle qu’aujourd’hui personne ne veut plus se rendre à un deuil d’une victime de choléra de peur de se faire contaminer. Se serrer la main devient trop risqué. Une femme exprime ici tout son embarras : « C’est une amie intime qui vient de décéder du choléra. Dois-je aller au deuil ou pas ? Pourtant je dois me protéger et protéger ma famille. »

Et si c’était la faute à l’insalubrité de la ville ?

Bien sûr que le choléra est une maladie des mains sales, mais je pense que ce n’est pas tellement la population qui a les mains sales, c’est la ville de Mbujimayi qui est sale. Regardez toutes ces rues et ces caniveaux pleins d’immondices, hébergeant des colonies entières de mouches qui se posent sur nos repas. Imaginez qu’en ce 21e siècle nous buvons encore l’eau de rivières à Mbujimayi par manque d’eau courante au robinet ! C’est tout simplement une honte.

Les habitants consomment de l’eau polluée. Aux environs des rivières Muya et Lubilanji, les populations des périphéries de la ville sont également les plus touchées. Il est aussi pointé du doigt la mauvaise désinfection des endroits où sont récupérés les malades et les victimes de choléra par la Croix-Rouge locale.

A court de moyens, le gouvernement provincial a décidé de créer une caisse de solidarité en faveur des victimes. La population est appelée à contribuer à cette caisse pour faire face à l’épidémie en attendant le plaidoyer que le gouverneur Ngoyi Kasanji entend organiser à Kinshasa à l’intention des partenaires nationaux et internationaux du secteur de la santé dans l’espoir de les voir revenir à Mbujimayi en urgence.

 


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