Pendant la crise post-électorale de 2010 en Côte d’Ivoire, plusieurs institutions de santé ont été fermées, les moyens de communication bloqués, et des villes divisées entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara. La population a été victime d’atrocités commises par un camp ou l’autre, sans aucun secours. Mais le hashtag #Civsocial a joué un grand rôle pendant cette crise.
Un blogueur ivoirien a eu alors l’idée de faire ce que les autres n’avaient pas encore fait. Pendant que pro-Gbagbo et pro-Ouattara s’insultaient sans relâche sur Twitter, un jeune ivoirien, a profité de cet espace pour sauver des vies. C’est ainsi que le hashtag #CivSocial a vu le jour. Ce hashtag s’est érigé comme une plateforme neutre ou tout le monde, quelque soit son camp politique, pouvait demander de l’aide.
Les blogueurs, un service d’urgence
#CivSocial est devenu une sorte de numéro vert, un 111 européen, ou 911 américain. C’était donc la seule lumière visible dans le tunnel. Ceux qui manquaient de sel, de nourriture ou même de gaz, utilisaient ce hashtag pour demander du secours. Des blogueurs sont devenus de vrais urgentistes, les seuls à écouter les cris de détresse de la population ivoirienne.
#CivSocial est alors devenu une hotline d’urgence gérée depuis Accra au Ghana, car la situation au pays avait bloqué plusieurs services tels que les banques et les SMS qui permettaient la communication pour identifier les besoins en vue d’apporter de l’aide humanitaire. Ce projet a été lancé le mardi 5 avril 2011 en pleine crise post-électorale.
Le hashtag miracle pendant la crise
Ce hashtag a sauvé des vies ! Il suffisait de décrire sur Twitter l’urgence ou le problème auquel vous faisiez fasse, en ajoutant #Civsocial. « Nous avons besoin de médicaments près du marché X #Civsocial », par exemple. Immédiatement les blogueurs passaient le message aux services concernés, par exemple à une pharmacie. Puis, mettaient les deux parties en contact. Ainsi, les médicaments parvenaient rapidement aux nécessiteux.
Il y avait aussi un centre d’appel, des numéros pour des SMS, etc. Les opérations du centre d’appel étaient déclenchées à partir d’un tweet, d’un SMS, bip/flash, email… Ce qui permettait de déterminer le service ou le contact le plus compétent pour résoudre le problème.
La toile d’araignée
Akendewa, qui veut dire toile d’araignée en langue Akan, est l’association de jeunes ivoiriens qui gérait cette hotline sociale. Les blogueurs de Habari RDC venus du Congo ont pu rencontrer son responsable Jean-Patrick Ehouman. Il nous a dressé le bilan de #Civsocial : « Pendant toute la période de crise, nous avons reçu 1 200 cas d’urgences. Nous avons pu sauver 82 personnes. Le plus intéressant dans notre travail, c’est que nous avons aidé deux femmes à accoucher. L’un des cas a été un accouchement assisté en ligne par un médecin polonais qui guidait l’opération sans être présent physiquement en Côte d’Ivoire ! »
Ces expériences ont inspiré les jeunes blogueurs congolais, car une crise politique grave sévit déjà en RDC et va de mal en pis. Si ce hashtag a sauvé des vies en Côte d’Ivoire, pourquoi ne pas suivre l’exemple au Congo. Un #RDCsocial pourrait permettre de prévenir des massacres, des fosses communes, des évasions…
Que Dieu Aide La RDC