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« Comprenez mon émotion » : le malaise de Félix Tshisekedi vu du net

« Je sercert je sers… loreta retouré…merti mertir mertirat merci mertimertir…merci ». Ce sont là les derniers mots de Félix Antoine Tshisekedi avant qu’il ne soit pris par un malaise devant la foule alors qu’il prononçait son discours d’investiture. Ne vous en faites pas, il s’est ressaisi et a fini son discours aisément. Cependant, comment avons-nous vécu cet incident, vu du net et de la télé ?

En suivant en direct le premier discours du nouveau président de la RDC, ces bouts de phrases m’ont paru comme une citation latine que le président citait pour illustrer quelque chose. Puis plus rien ! En bruit de fond, on entend quelqu’un s’adresser au président et essayant de le convaincre de s’asseoir et de se reposer quelques instants. A ce moment-là, je me rends compte que quelque chose de sérieux est en train de se dérouler sous nos yeux.

Un rendez-vous avec l’histoire

Les événements pré-électoraux n’ont rien enlevé à la solennité de cet événement que beaucoup qualifiaient d’historique. Dès le matin de ce 24 janvier 2018, les rues du centre-ville de Kinshasa étaient envahies par des sympathisants de l’UDPS, le parti d’opposition qui, après 38 années de lutte politique, venait d’accéder à la magistrature suprême. On pouvait voir les militants habillés en blanc pour la circonstance, mais aussi les rotations d’hélicoptères militaires, sans oublier les délégations officielles qui convergeaient vers le Palais de la nation, siège de la présidence de la République. 

D’abord l’arrivée d’Uhuru Kenyatta, président du Kenya accompagné de son opposant RaïlaOdinga. Quelques temps après, le nouveau président congolais élu quitte sa résidence temporaire pour se rendre sur les lieux de l’investiture. Après la fin du cérémonial d’usage, Félix Tshisekedi prend la parole devant une foule bruyante. L’on entend déjà de petites quintes de toux dans sa voix. Puis, la fameuse phrase inintelligible, l’exhortation à s’asseoir et la suspension de la retransmission par la télévision nationale.

La machine à infox s’emballe

Immédiatement après, la toile s’emballe. Les médias internationaux parlent d’un malaise sans donner plus de détails. Une situation qui donne lieu à des interprétations diverses sur les réseaux sociaux. Pour les uns, le président aurait été empoisonné. D’autres vont même faire allusion à un rituel ésotérique qui aurait mal tourné au prononcé du passage incompréhensible ayant précédé la suspension du direct. Les opposants exultent et parlent de coups du sort.  Alors que dans le camp du président, des appels à la prière fusent de partout.

 Le comeback

Une dizaine de minutes plus tard, le doute se dissipe lorsque le président, debout, reprend son discours en évoquant un moment de faiblesse lié notamment à l’émotion, au stress et à une fatigue cumulée tout au long de la campagne. De quoi rassurer ces nombreux partisans dont beaucoup criaient déjà à l’attentat. Sur la toile, une autre version est avancée. Celle du gilet pare-balle inadapté qui serait à la base du malaise. Rassurés, les partisans du président Tshisekedi ont vite donné une connotation spirituelle à cet incident en se référant à un passage de l’ancien testament où, David, le petit berger qui devait combattre contre le géant Goliath, s’était débarrassé de l’armure trop encombrante qui lui avait été donnée pour affronter le meilleur soldat des ennemis d’Israël. 

Ce 24 janvier 2019 a pour beaucoup une portée historique similaire à celle du 24 avril 1990 pendant laquelle le président Mobutu annonçait le début du multipartisme au Zaïre, une première avancée démocratique après des décennies de monopartisme. Sur Internet, les sentiments varient suivant les affinités. Les réactions des uns et des autres ont su prouver que même les opposants au nouveau président suivaient de près la cérémonie. « Ils disaient être indifférents à cette cérémonie. Pourquoi alors l’avoir suivie et souhaité que quelque chose de mal arrive à Fatshi », s’interroge une internaute sur son mur. 
La première remise et reprise de l’histoire politique de la RDC aura donc été une journée riche en émotions et symboles. 

 

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Les commentaires récents (8)

  1. Des moments difficiles à digérer durant cette période là. ça nous a secoué mais comme on dit, plus de peur que de mal… Avançons…

  2. C’était la panique, j’ai du me mettre à genoux pour prié Dieu afin que le président ne meurt pas …. chacun s’en souviendra de cet instant