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« Les Congolais debout », une idée du père ou du fils Dokolo ?

Connu comme un collectionneur d’art depuis l’âge de 15 ans, Sindika Dokolo, fils d’Augustin Dokolo, s’illustre cette année 2017 par ses prises de position hostiles au gouvernement. A-t-il des ambitions politiques ? Essaie-t-il simplement de perpétuer le rêve de son père ? Peut-on vraiment le considérer comme le Macron congolais ?

Dans une vidéo fun qui a fait son succès, Dokolo lance dimanche 13 août 2017 sur les réseaux sociaux, un mouvement citoyen qu’il nomme « Les Congolais debout ». En moins d’une semaine, il enregistre plus de 13 000 abonnés sur Facebook et Twitter, quelques 40 seulement sur Instagram et plus de 10 000 adhésions effectives en 2 jours, via le site internet dédié. Il faut le reconnaître, il s’agit là d’une exception dans le monde du web et des réseaux sociaux congolais.

Même vision entre le père et le fils ?

De son nom à sa vision, le mouvement citoyen « Les Congolais debout » ressemble beaucoup plus à une perpétuation de la vision d’un père par son fils qu’à une vraie quête de changement à long terme de la situation politico-économique actuelle.

Étonnant ! Cette vision d’Augustin Dokolo, père de Sindika Dokolo et riche homme d’affaire congolais décédé en 2001, se retrouve heureusement contenu dans un livre intitulé « Telema Congo ». Cet ouvrage est une réédition réalisée par Hanne Dokolo, épouse de l’homme d’affaire et mère de Sindika Dokolo. Il contient des textes de conférences données par Augustin Dokolo Sanu entre 1960 et 1965, et dont le message reste curieusement d’actualité.

« Telema Congo » se traduit en français par « debout Congo » ; est-ce une simple coïncidence de mots? Par extension on dirait « debout Congolais » ou tout simplement, « les Congolais debout ». Sindika Dokolo s’est-il inspiré de cet ouvrage pour créer son organisation citoyenne ? Les questions restent posées !

Avec 7 chapitres dont des lettres adressées aux gouvernants congolais, aux indépendants, aux étrangers et une rubrique particulière expliquant la vision de « Telema Congo » ( debout Congo), cet ouvrage contient bien des choses similaires à la vision de « Les Congolais debout ».

« Il faut donc, et je ne suis pas le premier à le préconiser, que nous nous unissions pour présenter, avec l’accord de tous, un programme précis de projets déterminés, réalisables immédiatement. Avant d’exiger la fin, il nous faut vouloir les moyens », avait déclaré Augustin Dokolo, dans la lettre adressée aux indépendants (chapitre II du livre). Toujours dans ce chapitre adressé aux indépendants congolais, il ajoute : « L’action est difficile : à nous de la rendre aisée, inéluctable, en la ‘’raisonnant’’ au préalable, et en donnant aux solutions proposées une publicité telle que l’équivoque ne soit plus possible. »

En lisant ces citations, je me croyais être en face d’un des multiples tweets de Dokolo fils ces derniers mois, alors qu’il s’agissait d’une lettre écrite par son père en septembre 1965.

Ou encore cet autre tweet où l’homme appelle les Congolais à l’unité.

Soyons disciplinés et méthodiques. 1 large mobilisation/recrutement, 2 coordination de l’action, 3 mise en marche vers l’alternance https://t.co/w2e8WBNIpz

« Puisse cet exemple être suivi par tous. Bientôt nous n’aurons plus à dire : ‘’Nous ne sommes pas contents’’. C’est mon vœu le plus cher, à la fois comme indépendant, et comme Congolais », conclut le père dans sa lettre aux indépendants.

En tout cas, je peux dire que ce vœu le plus cher du père est aujourd’hui poursuivi avec dévouement par le fils… Trouvez ici, l’intégralité de l’ouvrage « Telema Congo  ».

Des différences d’approche entre « République en marche » et « Congo debout »

Beaucoup d’analystes politiques voient en Sindika Dokolo, l’Emmanuel Macron congolais. Fondateur, en avril 2016, du parti politique La République en marche, Emmanuel Macron adopte un positionnement hostile au clivage Gauche-Droite en France. Ce qui, une année après, le propulse contre toute attente à la tête de la France.

Quant à notre « Macron » congolais, Sindika Dokolo semble ne pas affectionner la politique. À ceux qui lui attribuent des ambitions politiques, Dokolo répond qu’il n’est qu’un « simple citoyen énervé par des promesses non tenues  ». Aujourd’hui, en réponse aux problèmes politiques qui ne font qu’empirer, Sindika crée un mouvement citoyen qu’il qualifie d’apolitique, au lieu d’un parti politique à la Macron.

Sindika pourrait-il basculer en politique ?

Le fait de créer un parti politique hors système a permis à Emmanuel Macron d’être élu président de la France et de mettre en œuvre sa vision. Si Sindika Dokolo n’a pas d’ambition politique, ni de parti politique – il n’est pas candidat aux élections – quelle position prendra-t-il après 2017 ? Entre « marcher » et « debout », il n’y a qu’un pas à faire… Peut-être qu’il finira, lui aussi, par « marcher » à la Macron.

Perpétuer le rêve d’un père et faire la politique à la Macron, un positionnement clair et précis s’impose à Sindika Dokolo qui déjà se donne le rôle d’un second Lumumba.

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Les commentaires récents (3)

  1. bonjour,
    l’analyse est bien faite.
    c’est vrai,entre « marcher » et débout »,il n’y a qu’un pas.
    surtout qu’il ne sera pas seul à macher,je suis de ceux qui vont l’accompagner.
    Tél père,tel fils,dit-on;et,bon sang ne saurai mentir.
    Mettons-nous en MARCHE maintenant…
    Qu’il en soit ainsi.