Nous blogueurs maliens et congolais, sommes prêts à agir pour l’environnement, mais nous demandons aux pays pollueurs de montrer l’exemple.
Au Mali et en RDC, comme dans de nombreux autres pays africains, nous subissons de plein fouet les dégâts liés au changement climatique. Nous sommes conscients que certaines pratiques traditionnelles, associées au développement démographique et économique, sont partiellement responsables de cette hausse des fameux gaz à effets de serre (GES). Mais cela n’est rien en comparaison avec les émissions des principaux pays pollueurs au niveau mondial, avec en quinté de tête, la Chine, les Etats-Unis, l’Union européenne, l’Inde, et la Russie. Alors que l’énorme continent africain, qui n’en émet que moins de 4%, est le premier à en subir les conséquences.
Les événements climatiques majeurs (fortes inondations, longues périodes d’aridité) se succèdent en effet, toujours plus violents et toujours plus difficilement supportables. Certains Etats pollueurs nous aident, parfois, mais jamais ils n’admettront qu’ils sont en grande partie responsables de ces catastrophes naturelles à répétition.
Pire, il n’aura échappé à personne que ce sont dans les régions les plus sèches du Sahel, que les groupes armés (djihadistes ou non) progressent, et exercent leurs activités mortifères. Ils surfent sur les tensions entre groupes communautaires pastoraux et agriculteurs liées à la raréfaction des pâturages et des points d’eau, notamment dans le centre du Mali. Le changement climatique est devenu le meilleur allié des groupes terroristes, que les Etats pollueurs prétendent combattre.
Grâce à son immense couvert forestier, la RDC constitue toujours un puits de séquestration de dioxyde de carbone d’une importance considérable. Mais l’exploitation forestière, par des compagnies provenant là encore des pays les plus pollueurs, menace en partie de remettre en cause ce que l’on pensait être un acquis immuable.
Doit-on pour autant cesser d’exploiter cette matière première, alors que certains anciens Etats colonisateurs n’ont cessé de piller ces ressources, sans jamais se préoccuper de l’impact environnemental ? Aujourd’hui, ces mêmes Etats souhaiteraient que nous appliquions des règles strictes en matière de coupe, sans pour autant compenser les pertes.
Même votre révolution numérique, dans laquelle vous ne nous incluez qu’au goutte à goutte, s’avère être plus polluante et inégalitaire encore que l’ancien monde industriel. En RDC, les enfants qui perdent leur santé et souvent leur vie dans les mines de coltan n’auront probablement aucune chance de se voir un jour offrir un de ses smartphones que vous allez offrir à vos propres enfants.
Certes, les Maliens ou les Congolais ne sont pas des parangons de vertu. Le développement urbain non maîtrisé de Bamako et Kinshasa fait que ces villes ne sont plus qu’embouteillages et déchetteries anarchiques. Nos fleuves, lacs et cours d’eau sont pollués par nos ordures et nos sacs plastiques. De plus, les pratiques coutumières de culture sur brûlis ou de recherche de bois de chauffe, présentent aujourd’hui des dangers considérables pour nos deux pays.
La poussée démographique et l’absence de progrès notable dans l’accès de base à une énergie peu chère, ont considérablement aggravé cette situation, et provoqué une destruction progressive des ceintures forestières, véritables « boucliers écologiques » aux abords des grandes villes en RDC. Au Mali et dans tout le Sahel, ces mêmes pratiques ont encore accentué l’avancée du désert. Cela a naturellement un impact sur l’accroissement des catastrophes climatiques.
De petit producteur de GES, il faut cependant bien imaginer que l’Afrique comptera bientôt parmi les plus importants, démographie et développement économique obligent. Nous sommes conscients que cela se fera au détriment du climat, même si nous ferons tout pour aider à trouver des solutions alternatives au niveau local ou national (solaire, reforestation, etc.).
Mais l’exemple négatif donné par les Etats pollueurs, qui n’arrivent pas à s’entendre sur des solutions contraignantes, n’incitera certainement pas les Maliens et les Congolais à freiner leur développement. Nous demandons à ces Etats de montrer l’exemple, en entamant enfin une réelle transition écologique, et de rembourser leur dette environnementale en finançant dans nos pays des projets environnementaux ambitieux.
*Cette tribune a été publiée dans une version réduite par le site Internet de Jeune Afrique.
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