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La corruption sexuelle en milieu universitaire en RDC

À Kinshasa, dans certaines universités publiques et privées, les étudiantes font face à un phénomène de corruption sexuelle. Cette pratique, qui mêle abus de pouvoir et exploitation, compromet gravement l’avenir des femmes en République démocratique du Congo.

Vulnérables et souvent démunies face à des enseignants prêts à exploiter leur position, les étudiantes sont parfois contraintes de faire des faveurs sexuelles en échange de bonnes notes. Cette situation, loin d’être isolée, a des conséquences désastreuses sur leurs aspirations académiques et professionnelles.

Lors d’un atelier organisé le 3 décembre 2024 à l’Université panafricaine par le Centre de recherche anti-corruption (Cerc), avec le soutien de RCN Justice et Démocratie, des étudiants de quatre universités de Kinshasa ont partagé leurs témoignages.

Des témoignages poignants

Myrian, cheffe de promotion et membre d’un club interuniversitaire, témoigne : « Nous, les étudiants, faisons face à d’énormes défis, y compris la corruption sexuelle. En tant que cheffe de promotion, je reçois des signalements de cas où les filles sont utilisées comme monnaie d’échange pour réussir. Cette situation survient souvent lorsque les étudiantes se retrouvent dans une position de vulnérabilité. »

Deborah, étudiante en droit, ajoute : « Il y a aussi des cas où certaines étudiantes utilisent volontairement leur beauté pour obtenir des notes. De plus, l’incitation des enseignants à la corruption sexuelle est parfois encouragée par l’habillement indécent de certaines filles. Nous voyons également des pratiques comme les « points sexuellement transmissibles » ou encore des étudiantes forcées de céder [leurs corps] pour obtenir des notes. »

Un phénomène invisible et peu déclaré

Selon Jonathan Musa Nzamu, directeur provincial du Cerc, « cet aspect sexuel de la corruption en milieu universitaire, bien que fréquent, est rarement abordé en RDC. Il est difficile à identifier et à traiter, car il n’est ni signalé ni suivi de plaintes. Cela s’explique par le fait que le droit pénal congolais réprime à la fois le corrupteur et le corrompu. De peur d’être également condamnées ou stigmatisées, les victimes préfèrent garder le silence ».

Des solutions en gestation

Pour lutter contre ce fléau, le CERC, en collaboration avec un réseau interuniversitaire, travaille sur un plan d’action visant à :

  • Informer et sensibiliser les victimes sur leurs droits ;
  • Encourager les femmes à dénoncer la corruption sexuelle ;
  • Briser le silence autour de ce délit.

Lors de l’atelier, 80 % des étudiants interrogés ont confirmé avoir été confrontés à une tentative de corruption sexuelle, souvent sous forme de propositions ou de chantages de la part de certaines autorités académiques. Les hommes ne sont pas épargnés, avec des cas de corruption sexuelle surnommés « 2x2x ».

Un appel à la réforme du cadre juridique

Jonathan plaide pour une refonte du cadre juridique afin de sanctionner ces pratiques qui relèvent d’un abus de pouvoir. Le combat pour un environnement universitaire éthique et respectueux doit mobiliser toutes les forces vives, car l’éducation reste le pilier d’un avenir meilleur pour la RDC.

 

 

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