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Covid-19 : apprendre des failles de la riposte Ebola et impliquer la communauté

Depuis le 1er août 2018, la RDC fait face à l’épidémie d’Ebola, la plus meurtrière de son histoire. Cette maladie a causé la mort d’au moins 2275 personnes sur 3455 atteintes, soit un taux de mortalité de 65%. Plus de 20 mois après la déclaration du premier cas, la réponse sanitaire peine à éradiquer définitivement cette épidémie. Et ce, malgré les énormes ressources financières, humaines et matérielles mobilisées. Quelles leçons en retenir pour l’épidémie du Covid-19 ?

À mon avis, la faible implication de la communauté était la principale cause de l’enlisement de la lutte contre Ébola. Pour Steward Muhindo, un des acteurs de cette lutte dans l’est de la RDC, le faible niveau d’engagement des communautés locales dans la lutte contre Ebola a été fatal. De cela je tire quelques leçons principales, applicables dans la riposte contre le Covid-19, l’autre épidémie qui avance.

     1. La population fait partie de la solution et non du problème

Au cours de la riposte contre Ebola, il a été présumé à tort que la persistance de l’épidémie était due à l’ignorance. La négligence et l’attachement des populations à des croyances traditionnelles dangereuses ne suffisent pas, en effet, pour expliquer le lourd bilan humain. Plutôt que de renforcer la transparence, la riposte a fait recours aux forces de sécurité, à la rétention d’informations essentielles ou au blâme. Ces approches ont attisé la résistance des populations au lieu de les contenir.

A Butembo, par exemple, la population était opposée au fait de creuser les tombes avant que les patients ne meurent. Cette technique de la riposte est considérée par l’ethnie Nande dans cette région comme source de malédiction.

La riposte contre le Covid-19 doit être bâtie sur la perception selon laquelle bien informés, les citoyens sont une solution. Car, la riposte contre une épidémie a pour vocation de trouver dans la culture, le contexte, les traditions, les pratiques et les croyances de la population affectée, des opportunités pour bâtir des comportements responsables.

     2. L’argent c’est bien pour la riposte, mais il faut s’en servir avec tact

La lutte contre Ebola a mobilisé d’énormes ressources financières pour répondre aux exigences du personnel, de la logistique et des opérations. Malheureusement, ce déploiement massif et incontrôlé de moyens financiers a handicapé une réelle mobilisation communautaire. Ce qui a renforcé les rumeurs d’une épidémie économique. Le paiement de 5$ de transport à chaque étudiant de Beni venu pourtant participer volontairement aux activités de sensibilisation, par exemple, ou encore certains abus financiers des équipes de la riposte, ont crédibilisé la thèse d’Ebola Business. Cela a pu sans doute contribuer à freiner la mobilisation communautaire.

Pour lutter contre la pandémie de Covid-19, il est important que la riposte soit présentée comme une lutte et non comme une carrière. La mobilisation sociale contre cette pandémie est déjà à son comble en RDC. Ce sursaut patriotique doit être respecté, reconnu et soutenu. Plutôt que de le remodeler par un interventionnisme financier.

     3. Une réponse coordonnée et mutualisée est nécessaire pour vaincre la pandémie

La riposte contre Ebola a été une combinaison d’efforts indépendants de nombreuses organisations. Bien qu’il y ait officiellement une coordination de la riposte, les contradictions ouvertes sur les approches et les messages transmis à la communauté ont été visibles sur le terrain, manifestants ainsi les luttes internes entre différents acteurs.

Si elle n’est pas coordonnée, la mobilisation contre le Covid-19 peut connaitre un relâchement. Cela peut alors conduire à la banalisation. La communauté, en effet, fait très attention aux contradictions entre « experts ».

     4. Essais cliniques oui mais dans le respect et la transparence

Les essais cliniques menés sans le respect des principes éthiques pourraient expliquer une forte mortalité. Ils pourraient aussi traduire, si cela est avéré, un manque criant de considération pour la communauté. De nombreux participants à ces essais et à l’étude vaccinale d’Ebola n’ont pas eu suffisamment d’informations sur la nature, la portée et la conséquence de leur participation. Bon nombre d’entre eux pensaient recevoir un vaccin contre Ebola, alors qu’en réalité, il s’agissait de confirmer l’efficacité et l’innocuité de celui-ci sur un échantillon assez grand et exposé.

Dans le cadre de la riposte contre le Covid-19, l’expérimentation médicale devra être admise et encouragée. Mais elle devra être menée dans la transparence, la responsabilité et l’intérêt du sujet.

En prenant en compte toutes ces leçons, il est impossible d’éradiquer une épidémie/pandémie sans un engagement communautaire assidu. Car, c’est la communauté qui en dernier lieu, doit seule adopter ce qui est utile pour elle.

 

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Les commentaires récents (2)

  1. L article est interessant mais je trouve qu il manque d autres facteurs aussi important que ceux cites. L auteur parle de la communaute mais oublie par exemple de parler de l Etat, etc.