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Le Covid dans la rue : l’expérience des enfants de rue

À Mbujimayi, les enfants de rue ou en conflits avec la loi sont parmi les oubliés des sensibilisations des masses sur le Covid-19. Le respect des gestes barrières n’existe pas chez les enfants de rue. Pourtant, ils sont exposés.

J’ai fait un tour au grand marché de Mbujimayi et sur l’artère à l’ambiance très festive surnommée « avenue de la Mort ». J’y ai rencontré les enfants de rue. Mon constat : aucun d’eux n’avait son masque ; aucune distanciation physique.

C’est quoi le Covid pour ces enfants ?

J’ai échangé directement avec certains de ces enfants sur le Covid-19. La première des choses, je voulais savoir s’ils en savent quelque chose. Je leur ai posé une question banale : connaissez-vous le coronavirus ? Les uns ont dit : oui ; les autres : « Aucune idée ! » Ceux qui ont dit oui ont affirmé en avoir entendu parler dans la rue ou à la radio.

Mais l’un d’eux, un garçon d’environ 13 ans m’a étonnée. Il a déclaré : « J’ai souffert de Covid-19 il y a un mois. J’avais la fièvre et de sévères maux de tête. Un ami m’a donné une plaquette de paracétamol. Je prenais un le matin, un à midi et un le soir. Après trois jours, j’ai été guéri. Aujourd’hui je vais très bien ! » J’avoue que j’ai sursauté. Je n’en croyais pas mes oreilles !

À entendre cet enfant, vous croiriez qu’il plaisantait. Pourtant, il le disait de tout son cœur. Certainement que là dans la rue, quelqu’un lui a fait croire que la fièvre et les maux de tête signifient Covid-19. Et donc ce n’est pas sa faute, c’est la société qui est responsable. Car rien n’est fait pour sensibiliser ces enfants. Voilà à quel point les fake news circulent parmi eux.

Rejetés à cause du Covid

Deux autres enfants m’ont raconté leur histoire. Bien qu’ils vivent dans la rue, ils ne manquent pas de fréquenter deux ou trois fois par mois certains membres de leurs familles. « Depuis qu’on parle de Covid, mon oncle maternel ne veut plus me voir passer chez lui ! Il m’a dit qu’il craint que je n’amène la maladie à ses enfants. Pourtant, c’est là que j’allais manger quelques fois. Mes parents sont déjà morts », explique un gamin en lunettes de soleil, mais qui cependant ne regrette pas de vivre dans la rue.

Quant à moi, je pense que l’État doit assumer ses responsabilités : celles de prendre en charge ces enfants et de les réintégrer dans leurs familles. Au marché et dans la rue où ils vivent, ils sont exposés non seulement au Covid-19, aux intempéries en tout genre, mais aussi et surtout à la criminalité.

Un projet de sensibilisation non encore concrétisé

Jean-Marie Mbolela de la division des affaires sociales nous a dit : « Le constat sur le terrain révèle que les enfants de rue sont loin de comprendre que la maladie à coronavirus existe et qu’elle tue. Nous comptons les sensibiliser avec nos équipes d’assistants sociaux. Nous  pensons aussi procéder à leur identification pour pouvoir distribuer des masques que nous a offerts l’Unicef. » 

Bon, espérons que cette sensibilisation promise aura lieu. Mieux vaut tard que jamais.

Depuis le début du Covid-19, quelques masques ont été remis uniquement aux enfants se trouvant dans des sites fixes, notamment ceux attendant d’être réinsérés dans leurs familles.

#Covid19NeNousDiviseraPas

 

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