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Don de sang en RDC : les hôpitaux sont négligents

Tous les 14 juin, le monde célèbre la journée du donneur de sang. Une question cruciale mais que beaucoup prennent à la légère. Pourtant, si chacun pouvait se représenter qu’un jour il pourrait mourir parce que personne n’a pu donner son sang pour la transfusion, je pense qu’on se sentirait beaucoup plus concerné par le don bénévole du sang. Mais également, je pense que les hôpitaux ont leur part de responsabilité dans l’absence de sécurité transfusionnelle.

Pour cette année 2020, le thème de la campagne de la journée du donneur de sang est : « Du sang sécurisé pour sauver des vies. » Avec pour slogan : « Donner son sang pour améliorer la santé dans le monde. » Quant à moi, j’utilise ma plume pour participer à la sensibilisation. Et je suis moi-même volontaire pour aider bénévolement l’hôpital qui aurait besoin d’un secours en sang pour sauver des vies.

J’ai compris la nécessité de participer à cette sensibilisation depuis juin 2019. Je venais d’assister à une scène que je n’oublierai jamais. Dans un hôpital, il y avait une femme totalement dépassée par les événements. Son unique fils de 8 ans était hospitalisé depuis deux jours, terrassé par une crise de paludisme. La forte fièvre lui a fait s’évaporer tellement de sang qu’il fallait absolument lui en ajouter une quantité. Mais la banque de sang de l’hôpital n’avait plus de réserve. Il était absolument urgent de trouver du sang ailleurs pour que le garçon survive.

Faire le tour de la ville à la recherche du sang

La pauvre femme était prête à donner son propre sang, mais les médecins lui ont dit qu’il n’était pas compatible. On avait besoin du sang A+. Et la femme tentait de joindre son mari en voyage dans une autre province, mais sans succès, il n’était même pas joignable à ce moment-là. L’unique donneur bénévole du sang qui s’est présenté n’a pu résoudre le problème, car malheureusement après test, son sang s’est révélé infecté de VIH.

Les membres de la famille du petit garçon ont parcouru quelques hôpitaux de la place, mais beaucoup n’ont pas de banque de sang. Les rares qui en ont, soit ne sont pas assez approvisionnés en ce liquide vital, soit ils ont du sang mais pas compatible avec celui du garçon. Il fallait A+, mais où le trouver ?

Pendant ce temps, les heures passaient, et l’enfant de plus en plus exsangue, a fini par rendre l’âme. Il a crié : maman ! Maman ! Et c’était tout. A l’annonce de cette mauvaise nouvelle, sa mère a piqué une crise. C’était son unique fils. Elle est restée elle-même 48 heures en réanimation.

Et si c’était la faute de l’hôpital ?

Chaque fois que je me rappelle cette triste histoire, mon cœur saigne. Je ressens comme un sentiment de culpabilité, non seulement de l’hôpital mais aussi de la société. Si j’avais le même groupe sanguin que ce garçon, je n’aurais jamais hésité à lui sauver la vie. Pour moi, les hôpitaux sont coupables de négligence, car malgré le fait qu’ils ont des banques de sang, ils ne se préoccupent pas de les approvisionner au quotidien. Pas parce que le sang est rare à trouver, mais parce qu’il n’y a aucune politique de le rechercher auprès des donneurs, alors que les besoins sont quotidiens dans les hôpitaux. On ne cherche le sang que quand un cas à transfuser se présente. Pourtant, on aurait dû prévoir.

En plus, il arrive que des hôpitaux transfusent des patients avec du sang contaminé. Les statistiques indiquent que huit personnes sur dix dans le monde n’ont pas accès à un sang sécurisé.

Par ailleurs, l’Etat est aussi coupable car les conditions même de conservation des poches de sang sont intenables en raison de l’insuffisance de l’énergie électrique. Ce qui ne garantit pas la sécurité transfusionnelle. Certes, les hôpitaux utilisent les groupes électriques, mais il arrive de temps en temps qu’ils tombent en panne ou manquent de carburant.

Raison pour laquelle, en cette journée du donneur de sang, j’invite l’Etat congolais et les hôpitaux à assumer leur responsabilité. Ils devraient veiller à ce que des compatriotes ne puissent être contraints de nous quitter parce qu’un peu de sang a manqué dans leur corps.

 

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