ISC, USK, UK… Plusieurs universités du pays ont adopté des mesures radicales sur l’accoutrement des étudiants en milieu universitaire. L’université étant un monde où l’on forme l’élite nationale, y faut-il donc un accoutrement élitiste ?
J’ai observé les effets de cette décision chez les étudiants et j’en suis arrivée à conclure que cette mesure n’est pas la bonne. Elle ne contribue pas au changement de mentalité. Par contre, elle crée plutôt des intellectuels hypocrites en longues jupes et en cravates.
L’habit ne fait pas le moine
La tenue ne devrait pas être le facteur d’évaluation du sens de responsabilité ou de respect d’un étudiant. L’habit ne fait pas le moine, dit-on. Croire que l’accoutrement constituerait la cause de certaines violences faites aux femmes, mon opinion pencherait vers un NON radical. Aucune femme ne devrait être violée à cause d’une mini-jupe ou même un décolleté exposant ses seins.
Les femmes vivant dans l’est de la RDC, victimes de viols, le sont-elles à cause d’un certain accoutrement jugé trop osé? Si votre réponse est non, alors n’encourageons pas les violences sexuelles en nous écartant de la vraie cause. Un voleur ou un pervers, le restera peu importe la tenue hyper voilée ou non de la femme. Dans sa tête, la femme est une proie, une victime c’est tout.
« Nous ne sommes pas tous riches »
J’ai échangé avec quelques étudiants de ces universités qui ont pris des mesures radicales sur l’habillement. La plupart de ces étudiants pensent que leurs droits sont bafoués car ils ne sont jamais associés à l’élaboration de telles mesures.
Pour Djeny, étudiante à l’Institut supérieur du commerce, les autorités académiques les prennent tous pour des fils à papa. « Les autorités ont adopté ces mesures sans tenir compte des rangs socio et économiques. Nous venons des diverses contrées et tout le monde n’est pas capable de se payer une veste ou un pagne. Ne peuvent-ils pas préconiser une tenue descente au lieu de spécifier le genre de tenue? Nous ne sommes pas tous riches ! », soupire-t-elle.
Une mesure contournée par les étudiants
A quoi sert-il de prendre des mesures facilement contournables par les étudiants ? Par exemple, à l’ISC, les étudiants arrivent à échapper à cette loi en négociant avec les contrôleurs qui les font passer en échange de quelques billets d’argent. A l’Université Simon Kimbangu, les étudiantes marchent avec des pagnes dans leurs sacs et ne les portent qu’à l’entrée de l’université ou de la classe. Voilà que l’université nous pousse à l’hypocrisie.
L’université est un univers de diversité. Les autorités doivent comprendre ça et essayer d’encadrer chacun dans sa particularité et ne jamais chercher à rendre tout le monde unique comme dans un camp militaire.
Si le souci est de bannir les mauvais accoutrements en milieu universitaire, on peut arriver au même résultat en empruntant un autre chemin : celui de mettre l’étudiant devant un choix par un dialogue franc et raisonnable. Evitons de former des hypocrites en longue jupe et en cravate !
Plusieurs mesures similaires ont déjà été prises par ces mêmes types d’institutions dans le temps mais y’a-t-il une pérennité de la chose ?
Toute règle conduit à la formation des hypocrites ? On devrait bannir toutes les lois et ce serait mieux ? Il faut laisser tout le monde faire ce qu’il veut ? Vous devriez avoir honte.