C’est un fait. Les hommes sont mieux rémunérés que les femmes en RDC. Ces écarts de rémunération ont des conséquences négatives quotidiennes sur les femmes et leur combat pour l’égalité des sexes.
Tous les 18 septembre, les Nations Unies célébreront désormais la journée internationale de l’égalité des salaires. Objectif : créer une dynamique autour de la nécessité de combler l’écart de rémunération entre les sexes. Si recevoir son salaire apporte un sentiment de soulagement, de satisfaction ou de joie, par contre cela peut aussi cacher une injustice, une expression d’inégalités entre les hommes et les femmes sur le lieu de travail.
Le secteur informel creuse l’inégalité salariale homme-femme
Les employés de maison, les vendeurs de rue et de petits marchés, les petits agriculteurs sont souvent des femmes. Elles occupent des emplois informels les piégeant dans des environnements de travail peu rémunérateurs et dangereux, sans avantages sociaux. Ces mauvaises conditions pour les travailleuses perpétuent l’écart salarial entre les sexes.
Selon Joséphine Baraka, jeune femme professionnelle de 26 ans travaillant dans l’informatique à Goma, la première cause de l’écart salarial homme-femme est liée au caractère informel des activités des femmes. Joséphine explique : « La plupart des femmes travaillent dans l’informel en RDC. Plusieurs d’entre elles sont dans le commerce informel et d’autres sont des travailleuses domestiques. Et puisqu’elles sont dans l’informel, il est très difficile de réglementer leurs salaires. »
Joséphine ajoute que même ceux qui sont actives dans l’économie formelle, occupent des emplois peu rémunérés qui impliquent des faibles charges. Normalement, compte tenu des responsabilités familiales plus lourdes des femmes, elles doivent rechercher des emplois qui leur permettent de mieux équilibrer travail et vie familiale.
Et Joséphine de rappeler : « Les femmes demeurent encore les principales responsables des soins des enfants puisqu’elles y consacrent plus de 50 heures par semaine. Vous comprenez qu’avec ça, qu’elles préféreront des emplois qui ne demandent pas trop d’efforts et de temps, et qui payent moins bien. »
La maternité, une pénalité de plus
La maternité est un autre facteur de disparité salariale. Le code de travail congolais en RDC par exemple prévoit à son article 112 que durant le congé de maternité qui est de 14 longues semaines (soit plus de trois mois), la femme salariée a droit à seulement deux tiers de sa rémunération.
Cette disposition fâche Madame Ansima, enseignante dans une école privée de la place : « Le fait que les mères reçoivent des salaires plus bas est lié à un temps de travail réduit. La réduction du salaire des femmes pendant la maternité pénalise leurs carrières des mères et déstabilise leur niveau de vie alors que la charge vient d’augmenter. »
Maria Kahindo, quant à elle pointe du doigt les stéréotypes sexistes qui éloignent les femmes des professions traditionnellement dominées par les hommes. Elle plaide pour la mise en place des programmes visant à soutenir le travail des femmes. Selon elle, « un homme qui occupe souvent un emploi de gardien, chauffeur ou jardinier, est souvent mieux rémunéré qu’une femme parce qu’il est considéré comme chef de famille et par conséquent a plus des charges.
Ces stéréotypes et discriminations renforcent les inégalités salariales et enfoncent la femme dans la dépendance financière masculine, de quoi ralentir son émancipation ».
La croyance toujours affirmée selon laquelle l’homme est le chef de la famille est aujourd’hui erronée et obsolète. Aujourd’hui, les femmes tiennent les maisons et en sont les cheffes. Elles sont en charge de l’alimentation, de l’éducation et de la santé des enfants, … ce qui implique qu’il n’y a aucune raison qu’elles soient discriminées sur le plan salarial.