Sensibilisation contre l'épidémie d'Ebola
article comment count is: 0

Après les élections, il est temps que les leaders parlent enfin d’Ebola aux populations

Depuis la déclaration de la maladie à virus Ebola à Mangina, en territoire de Beni, des dizaines d’attaques contre des équipes de riposte ont été enregistrées ces dix derniers mois. Quatre professionnels de santé sont morts et près d’une quarantaine blessée. Il est évident que le processus électoral a été une période où la résistance a réussi à se multiplier. Mais, six mois après les élections, ne serait-il pas temps d’arrêter de diaboliser Ebola ?

Au début de l’épidémie, on voyait la communauté s’approprier la lutte contre Ebola. Malheureusement, l’élan s’est arrêté en période électorale. L’attitude des gens commençait à changer petit-à-petit. Déjà, le nord de la province du Nord-Kivu subit, depuis près de cinq ans, des tueries dont on ignore encore les auteurs. Et là, voilà une maladie jamais vue qui vient faucher des vies, pile-poil en période électorale où le peuple de Beni espérait se trouver d’autres dirigeants à même de résoudre ce sempiternel problème d’insécurité.

Le mauvais moment, et le mauvais endroit

Période électorale veut dire période où des candidats veulent se faire élire, ou réélire députés. En politique on ne se fait pas de cadeau, dit-on. Donc les politiciens étaient prêts à tout pour être élus, ou réélus. Et avec la présence d’Ebola, surfer sur cette vague, était une occasion à saisir. Comme le peuple se posait des questions, pourquoi ne pas aborder la campagne dans le même sens que lui ? Profitant donc de ce contexte, le député national Mbindule Mitono, fait une déclaration à la presse à sa résidence de Butembo, après un meeting. Il comparait Ebola à une nouvelle « force meurtrière » visant à exterminer les habitants de la zone de Beni et de Butembo. Il dit ne pas croire à la coïncidence entre les meurtres à Beni et la maladie d’Ebola, sans que les deux événements ne soient apparentés. Toutefois, il ne nie pas l’existence de la maladie.

Cette position de l’honorable Mbindule (réélu, un peu sur fond de la manipulation de cette épidémie, NDLR) a réussi à semer des rumeurs. D’abord sur le vaccin présenté comme un produit visant à décimer la population de Beni et de Butembo dans le futur proche. Il faut savoir que des rumeurs sur la vaccination ont toujours circulé dans la zone, même sur les campagnes de vaccination contre la poliomyélite, la rougeole et d’autres maladies. Puis se sont installées des rumeurs sur l’enterrement digne et sécurisé que l’équipe de la riposte effectuait en cas de décès, pour éviter que les familles ne manipulent les corps et ne soient infectées. Hélas, cela était interprété comme une stratégie pour camoufler le trafic des organes humains. Des équipes d’enterrement et de décontamination ont été ainsi prises pour cible par certaines couches de la population.

La Céni est venue jeter de l’huile sur le feu en avançant l’existence d’Ebola dans la région comme motif pour priver la population d’élire son président de la République. Depuis, tous ceux qui parlent positivement d’Ebola sont devenus des cibles des certaines couches de la population et des groupes armés. Des leaders et des candidats aux législatives et aux provinciales reportées au 31 mars 2019 à Beni et à Butembo, ont effacé Ebola de leurs discours, de peur de perdre leur électorat. Par leur silence coupable, ils ont laissé les rumeurs se faire consommer comme des vérités.

Mais également, la population pense que les massacres de Beni sont plus prioritaires que l’épidémie d’Ebola. A voir le nombre de véhicules et de moyens logistiques déployés dans la riposte, elle se demande pourquoi il n’y a jamais eu une telle mobilisation mondiale sur les tueries de Beni qui durent depuis 5 ans.

Après les élections, une lueur d’espoir

Depuis quelques semaines maintenant, on enregistre de moins à moins de cas de résistance et de violences contre les équipes de riposte dans les villes de Butembo et de Beni. Et la courbe de contamination est en baisse dans certaines zones de santé. Sur son compte Twitter le 8 juin 2019, le ministère de la Santé de la RDC a indiqué qu’« en ces jours, 11 des 22 zones de santé touchées n’ont pas rapporté de cas d’Ebola pendant plus de 21 jours ». L’OMS souligne que cette baisse fait suite « à une période d’amélioration de la sécurité permettant aux équipes d’intervention de fonctionner plus librement ».

Chers élus et leaders locaux, les élections sont déjà passées. Pouvez-vous vous lancer enfin dans la propagande contre Ebola ? Il faut arrêter de diaboliser cette maladie pour sauver nos populations.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (0)

  1. Je suis pour l’idée d’emmener Mafa et Mbusa pour la prise en compte de l’existence de cette maladie vraiment, le nombre des morts fait chagriner vraiment