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Fiston Bearckmans, le jeune homme qui s’est immolé par le feu à Bukavu

Alors qu’un procès pour détournement des deniers publics débutait à Kinshasa le 11 mai 2020, les images d’un jeune homme couvert de feu ont fait le tour des réseaux sociaux. « Un jeune de Bukavu s’immole pour réclamer la libération de Vital Kamerhe, l’un des prévenus », titraient plusieurs médias congolais.

Fiston Bearckmans, auteur de cette performance, n’en est pas à son coup d’essai. Il y a quelques mois, il réitérait le même exploit pour dénoncer la xénophobie qui sévissait en Afrique du Sud. « Cette performance visait à illustrer la colère et la détermination des militants qui soutiennent leur leader. J’utilise le feu pour choquer les consciences et dénoncer les injustices », explique-t-il.

Âgé de 24 ans, Fiston Bearckmans est un artiste performeur et dessinateur, vivant à Bukavu (Sud-Kivu). Son crédo : mettre l’art au service de la citoyenneté. Son attachement au travail du docteur Denis Mukwege, dont il a fait plusieurs portraits, est la preuve éloquente de son engagement citoyen. À travers ses œuvres, il aborde des thèmes ayant trait à la famille, les droits humains ainsi que les violences.

L’art au service de la citoyenneté

Alors qu’il rêvait de devenir volcanologue, c’est finalement dans l’art qu’il trouvera son créneau. Artiste engagé, il s’implique dans la recherche des solutions aux problèmes de sa communauté. Visites dans les orphelinats, distribution des masques aux personnes vulnérables pour lutter contre le coronavirus, etc. Autant d’actions menées par celui qui porte le pseudonyme de Notsif Art. « Il faudrait qu’on trouve une manière de se servir de l’art pour éduquer la population », confie cet ancien conducteur de bateau.

Il compte d’ailleurs lancer « L’Art au service de la citoyenneté », un programme visant à faire des plaidoyers à travers des réalisations artistiques. « Nos aînés utilisent des discours pour communiquer. Malheureusement, avec les discours, ils n’ont jamais réussi à changer grand-chose. Je propose de changer la façon de communiquer et de recourir à l’influence et la créativité des artistes », souligne le jeune homme.

L’artiste, l’humanitaire ?          

Fiston Bearckmans espère ainsi défendre les personnes vivant dans les milieux défavorisés et les anciens enfants soldats. « Ces enfants sont des victimes de ce qu’ils ont fait par le passé. Mon objectif est de faire en sorte qu’ils contribuent au développement du pays », affirme Fiston.

Outre l’opposition de sa famille qui ne voulait pas qu’il devienne artiste, son plus grand obstacle demeure l’absence d’une personne plus expérimentée pouvant le guider dans la réalisation de ses œuvres. Il ne baisse pas pour autant les bras et s’engage davantage dans sa passion.

Sa dernière création est une conception des t-shirts à travers lesquels il rend hommage au personnel de l’hôpital de Panzi. « Ces gens méritent une médaille », dit-il. Sur ces t-shirts, on peut voir un cœur déchargé connecté à l’hôpital de Panzi qui lui transmet une colombe, symbole d’espoir et de paix.

 

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Les commentaires récents (10)

  1. C’est courageux ce qu’a fait ce jeune artiste. je suis d’accord avec lui, que tout congolais doit maintenant se servir de ce qu’il a pour communiquer en vue du changement. Nous espérons qu’il va regagner sa vie courante plus vite

  2. cet artiste qui touche le coeur par son art est un patrimoine précieux à conserver et à soutenir de deux mains!