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« The Ghosts are returning », un théâtre musical qui rend hommage à Dorine Mokha

Dans son spectacle présenté les 10 et 11 février 2023 au Bâtiment du 30 juin à Lubumbashi, Group50:50 a tenu à rendre hommage à Dorine Mokha, danseur-chorégraphe et écrivain congolais, mort le 8 janvier 2021. Ce spectacle est une preuve de collaboration possible entre artistes du Congo et d’Europe, mieux, entre descendants des bourreaux et des victimes de la colonisation. 

Soucieux de partager leur histoire commune, ces artistes posent la question de la restitution de restes humains (Mbuti) qu’un médecin suisse avait emportés à Genève en 1952, pour des raisons de recherches. Alors, comment comprendre ce choix de rendre hommage à Dorine dans une pièce post-documentaire pour un mouvement transnational qui milite pour la restitution d’objets et d’œuvres d’art pillés pendant la colonisation ? C’est le projet « Hercule de Lubumbashi, un oratorio pour les mines (porté par Dorine) » qui a permis au Podium Esslingen, festival de musique créé en 2009 en Allemagne, de découvrir la scène artistique congolaise. 

En 2019, cela a abouti à la production par Podium Esslingen d’une pièce de théâtre musical politique transcontinentale dans laquelle des musiciens de l’ensemble de Podium ont collaboré avec des musiciens congolais sur scène. Voici ce que dit à ce propos Chadrack Kakule, commissaire d’expositions et chargé de programmation au centre d’art Waza de Lubumbashi : « Dorine était au courant de l’histoire de sept squelettes de pygmées volés et, ambitionnait d’initier un projet pour leur restitution. »

Pour Eva-Maria Bertchy qui reconnait aussi que « le projet est né de l’idée du chorégraphe congolais, il était beaucoup question de développer une approche très personnelle du sujet, en ce sens qu’il peut toucher tout le monde ». Et d’ajouter : « Cela a été spécial que le spectacle soit présenté à Lubumbashi, ville qui a vu naitre et mourir l’artiste. »

« Le retour des fantômes » 

Tout parait clair. Pour Group50:50, collectif d’artistes de la République démocratique du Congo, de Suisse et d’Allemagne ainsi qu’une structure de production basée à Bâle, Berlin et Lubumbashi, Le retour des fantômes c’est aussi un appel « désespéré » à la mémoire de Dorine. On le voit avec la comédienne Christiana Tabaro qui, dès l’entame, parle des derniers moments vécus (par mails interposés) avec l’artiste, avant d’emballer le public dans une « ode » à celui qui était connu pour son combat pour les droits des minorités. Mieux encore, le musicien suisse Elia Rediger a invité désespérément le chorégraphe à le rejoindre sur scène pour un pas de danse. 

En produisant ce spectacle à Lubumbashi, terre du regretté Dorine, Group50:50 a réussi sa mission de restituer à la ville une part, infime soit-elle, de la grandeur artistique de celui que l’on appelait désormais « Hercule de Lubumbashi ». C’est peut-être aussi cela qu’il aimerait que l’on retienne de lui !

 

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