article comment count is: 0

Goma : exposition « Paradigm », un moyen d’éveiller les consciences

Depuis avril, le jeune artiste portraitiste et photographe congolais, Raphaëlito Sikabwe organise à l’Institut français de Goma une exposition dénommée « Paradigm ». La démarche, l’approche et le style (hyperréaliste) empruntés par l’artiste sont impressionnants. Il veut changer le paradigme néo-esclavagiste ou colonial ancré selon lui dans plusieurs cerveaux d’Africains et d’Afro-descendants, sur entre autres l’identité noire, les cheveux crépus ou nappy.

Dans une interview à Habari RDC, l’artiste explique sa motivation, mais aussi la lutte et l’idée même de l’expo « Paradigm ».

Habari RDC: Pourquoi l’expo Paradigm ?

Raphaëlito Sikabwe : J’ai réalisé cette exposition d’abord pour me faire connaître. Car j’ai longtemps vécu dans l’ombre, en travaillant dur sur ma technique et mon style de réalisateur de portraits au crayon et à la gomme.

C’était une occasion pour moi de concevoir et de présenter une série de tableaux basée sur le thème « paradigme ». Cela désigne la programmation de notre esprit subconscient qui contrôle notre comportement, une façon de préparer les gens à prendre au sérieux ce concept philosophique qui nous pousse à agir d’une certaine façon à la perception que nous avons de la réalité.

Notre exposition Paradigm est constituée de douze tableaux, notamment : Thinker, cocon, qui suis-je, fury, seul, identité cachée, venus, Black power, Nappy, Esmeralda, Tupac et Kuzana.

Qu’est-ce qui vous a motivé à travailler sur cette exposition ?

Ce qui m’a motivé c’est d’abord le souci de contribuer au mouvement d’élévation de conscience que l’humanité entière est en train de connaître. J’essaie d’apporter ma pierre en introduisant dans la jeunesse congolaise un programme de changement de narratif sur des problèmes à la base de plusieurs maux que nous connaissons au quotidien.

C’est quoi l’idée derrière les tableaux Nappy et sur l’identité ?

Le tableau intitulé « Nappy » s’adresse directement à ma communauté. Pour moi la nature de mes cheveux afro reste à la fois une identité et un symbole. Cette tendance au retour aux cheveux naturels ne se limite pas à une réunion de quelques initiés. On la voit aussi dans nos rues ici au Congo et dans la diaspora où de plus en plus de femmes et d’hommes africains ou afro-descendants portent leurs cheveux naturels. Il ne s’agit pas là d’une simple tendance ou d’un banal effet de mode, même si la perception de cheveux naturels crépus n’est pas toujours bien acceptée. Dans nos communautés africaines, les cheveux naturels continuent d’être dévalorisés et incompris.

Le message derrière et de rappeler à ma communauté, malgré les propos racistes et tout ce que nos ancêtres ont subi, malgré tout ce qu’on leur avait fait croire, que nous devons retrouver et embrasser nos racines en acceptant nos cheveux crépus qui font partie de notre identité noire !

Dans l’expo, la personne masquée, représente la société avec son doigt de jugement. Elle est cette personne anonyme qui dicte les règles, les valeurs qu’on doit suivre. La société blâme les non-conformistes car elle passe son temps à créer des copies conformes.

Combien de temps vous a pris la réalisation de ces douze tableaux ?

La réalisation d’un tableau me prend environ trois semaines, et en moyenne sept heures de travail par jour

Quel message faites-vous passer à travers l’expo Paradigm ?

L’expo Paradigm est pour moi un moyen d’éveiller la conscience de mes frères. Je lutte pour le changement et je crois que les gens devraient prendre au sérieux cette notion, de paradigme. C’est dangereux quand on n’en a plus conscience et quand on ne sait plus comment cela nous contrôle.

Au prochain billet, on vous fera découvrir un reportage photos de l’exposition.

 

 

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion