Même si le concept sonne comme quelque chose des « blancs », le harcèlement scolaire ou bullying existe bel et bien dans les écoles congolaises. Il existe sous plusieurs formes, mais il est tout aussi dévastateur d’une manière ou d’une autre. Ce phénomène qui se caractérise par des moqueries, des intimidations, des violences physiques ou verbales et d’autres genres d’humiliations fait subir la terreur aux enfants qui en sont victimes. Mais au Congo, personne ne pense au danger que cela représente. Certains parents considèrent cela comme un fait banal : dommage !
Le harcèlement scolaire pousse beaucoup d’enfants à déserter la classe. Il peut même pousser au décrochage scolaire. Il ne s’agit pas ici que d’une simple « histoire entre gamins ».
Leur différence est leur péché
Les victimes de harcèlement scolaire le sont très souvent, à cause de leurs différences. Les élèves et écoliers harcelés sont petits de taille, maigres, timides ou alors différents des autres. C’est eux qui sont la cible idéale pour être malmenés par des bourreaux.
Mais la double peine des victimes c’est qu’elles sont si traumatisées qu’elles n’osent jamais en parler, de peur que la situation n’empire. Elles savent aussi que les adultes, les enseignants et les parents malheureusement, considèrent ce harcèlement comme un fait banal et minimisent souvent son incidence sur l’équilibre psychologique de l’enfant.
Des séquelles à vie
Obed a toujours été un petit garçon, Joyeux, plein d’énergie et d’entrain. Ce jour-là, en arrivant à la maison, il me souhaite la bienvenue. Son visage est triste, son sourire à peine perceptible et sa voix presque inaudible. Je ne l’avais pas connu ainsi. Je m’approche de lui, je le découvre distant et distrait. Il joue seul dans son coin. J’ai pensé qu’il venait d’être sûrement puni par sa maman. Je lui demande alors comment il allait. « Il ne faut pas t’en faire, Obed va bien ! », me lance sa mère. Elle ajoute : « Il ne veut juste plus aller à l’école, car ses camarades le trouvent très gros. »
En entendant la mère d’Obed, je suis sidérée par la légèreté avec laquelle elle prend cette affaire. Après quelques minutes, je lui dis : « Madame, c’est un sérieux problème, il faut que tu ailles avec lui à l’école pour en parler avec ses enseignants et les parents de ses camarades. Sinon, nous ne reverrons plus cet Obed qui avait la joie de vivre ! » À ce jour, je ne sais pas si cela a été fait.
Obed n’est pas le seul à vivre cette situation, et malheureusement dans notre société , c’est une situation que nous prenons souvent à la légère. Nous oublions que cela pourrait avoir des répercussions sur la vie de l’enfant, son épanouissement et surtout sur sa personnalité et sa confiance en lui-même.
Je pense à cette fille avec qui j’avais étudié au lycée. Elle avait une faible poitrine et, par peur d’être moquée par certaines de nos camarades de classe, elle était obligée de mettre plusieurs singlets en dessous de sa chemise d’uniforme.
Ses petits seins étaient l’objet des critiques méchantes de certaines collègues qui ne loupaient aucune occasion pour se moquer d’elle. Je l’ai revue il y a quelques mois, et conséquence elle ne s’est jamais sentie bien dans sa peau.
Selon un rapport de l’Unicef , le harcèlement scolaire, les moqueries ou attaques blessantes concerneraient un enfant sur trois. En France par exemple, 700 000 jeunes ont dit avoir déjà fait face à ce genre de harcèlement. Et certains de ces jeunes finissent par se suicider. Au Congo, il est impossible d’avoir des statistiques exactes des victimes, mais il est temps que les parents et les écoles prennent ce phénomène au sérieux et arrêtent de le considérer comme des « histoires entre gamins ». Ils doivent agir pour arrêter le harcèlement dès qu’ils soupçonnent quelque chose. Il en va de l’avenir de beaucoup d’enfants, et de tout un pays.
Commentaire * que les parents apprennent à veiller sur les enfants .