On le surnommait le Terminator. A l’époque, le film cartonnait et comme lui, la plupart des caciques du régime s’étaient vu attribuer des surnoms par la population ou la presse. « L’homme à la mallette », comme l’avait surnommé le gendre belge du président Mobutu dans un livre, est un ancien professeur de philosophie. Intégré dans l’appareil sécuritaire zaïrois, il en gravit rapidement les échelons avant de se rapprocher du cercle privé du maréchal.
Exilé depuis la chute de Mobutu, il crée un mouvement d’opposition (Apareco) que nombreux considèrent comme le berceau du mouvement dit des « combattants ». L’Apareco multipliera de nombreuses actions contre les Kabila père et fils. Je me souviens d’un site web lancé la veille des élections de 2006 : kabiladoitpartir.com. Un nid de fakenews. C’est sur ce site qu’une photo montrant Joseph Kabila comme garde du corps de Paul Kagame va embraser la toile à l’époque.
Le site se spécialisera également dans le montage de documents conçus dans le but d’attester la non-congolité des enfants de Kabila et un plan de balkanisation du pays par le Rwanda. Ce qui aura plus contribué à alimenter un sentiment anti-rwandais au sein de l’opinion publique congolaise. Une congolité qu’il déniera également à Vital Kamerhe et à Kengo wa Dondo.
Saint Honoré ?
Pourtant, celui qui prétend défendre les intérêts des Congolais n’a pas les mains propres. Son nom revient dans la perpétration du massacre des étudiants de Lubumbashi en 1990 et dans la répression de la marche des chrétiens en 1992, alors qu’ils exigeaient la réouverture de la Conférence nationale souveraine. Honoré Ngbanda niera toujours les faits.
Dans son livre que j’ai lu, Pierre Janssen, gendre du président Mobutu, le décrit sans nommément le citer comme celui chez qui tous les projets d’envergure devaient être validés. Il s’opposera ainsi à beaucoup de projets comme l’implantation d’une usine d’huile de palme dans l’Equateur ou l’entrée du Qatar dans le capital de la Gécamines.
Le général et aujourd’hui sénateur Kpama Baramoto, ancien officier de l’armée zaïroise, considérait Ngbanda comme un menteur invétéré. Les deux hommes se lançaient souvent des pics. L’un accusant l’autre d’avoir trahi Mobutu.
Selon le général Baramoto, Nganda aurait abusé de la confiance du président ivoirien Laurent Gbagbo en lui faisant miroiter des troupes de l’ex Division spéciale de Mobutu pour freiner l’avancée des rebelles des Forces nouvelles.
Père spirituel des « combattants »
Vous n’avez qu’à regarder ses vidéos pour vous en rendre compte. L’Apareco ciblait les dignitaires de Kinshasa en visite en Europe. Ces vidéos avec le drapeau du Zaïre remettront cet emblème au goût du jour chez de nombreux nostalgiques. Boketshu et commandant Esso, deux des plus virulents contre les Kabila et Tshisekedi se réclament de son héritage.
Aujourd’hui, Ngbanda n’est plus, mais ses idées, ses nombreuses théories du complot et ses messages de haine persistent encore dans l’opinion.