Depuis les manifestations anti Kabila des 19 et 20 décembre 2016, des policiers sont restés en faction au quartier Matshipisha, point chaud de la contestation pro-opposition à Lubumbashi. Les habitants de ce quartier déplorent des attaques nocturnes à répétition à la cité Gécamines. Un jeune homme, Patrick (pseudo), a été abattu à bout portant au domicile de ses parents dans la nuit du 30 au 31 mai 2017.
Cet assassinat a suscité l’émoi au sein de la population. Cette nuit-là, des hommes « en uniformes non autrement identifiés », comme on les appelle à Lubumbashi (des policiers en réalité), se sont introduits dans la parcelle des parents de Patrick, cherchant à pénétrer dans la maison par effraction.
Patrick est mort en tentant de secourir les voisins
Alerté par les bruits de ces visiteurs nocturnes indésirables, Patrick est sorti de sa chambre, embouchant son lance-voix pour alerter le voisinage, comme il avait déjà eu à le faire plus d’une fois en pareille occurrence. Mais les malfrats ont interrompu leur opération pour s’occuper du jeune Patrick. Ils l’ont tué d’une balle dans la tête. Ses parents croyaient que Patrick avait été enlevé, mais ils ont découvert plus tard son corps mort dans sa chambre, baignant dans une mare de sang.
La police chassée de la cité Gécamines à Lubumbashi
Curieusement, très tôt le lendemain matin, des policiers, que personne n’avait alertés, débarquent à bord d’une jeep sur les lieux du crime et demandent à emmener la dépouille mortelle. Mais la population s’interpose, exigeant que le constat soit fait au préalable sur place par le procureur. Il s’en est suivi des jets de pierres et des coups de feu.
Débordée, la police fait appel à l’armée qui dépêche sur les lieux un camion plein de militaires. Le procureur décide enfin d’emporter le corps de la victime dans une morgue de la ville. Patrick était marié et père de deux petits enfants.
Des policiers soupçonnés de tueries et de vol à Lubumbashi
D’aucuns pensent qu’en revenant sur les lieux du crime, les assassins de Patrick cherchaient à effacer les traces, et surtout à récupérer la douille de l’arme meurtrière. Les désordres que l’on aurait pu craindre après ce énième assassinat à la cité Gécamines n’ont pas eu lieu. Mais la population ne décolère pas. « Je me noie dans une tristesse et une colère indescriptibles. J’ai envie d’enterrer quelqu’un vif… », s’est exclamé le poète Hervey N’goma. De son côté, Justin Kabombo se demande si la faible solde des policiers ne les pousse pas à commettre des vols. Avec « 50.000 francs congolais (un peu plus de 40 dollars), comme salaire pour quelqu’un qui porte les armes et qui est père d’une famille nombreuse, comment voulez-vous qu’il y ait la paix au pays ? », interroge-t-il. Ironique, il poursuit : « Et chaque jour des cortèges PPRD (parti du chef de l’État) et alliés chantent Wumelaa (dure au pouvoir!) en voulant faire croire que tout va pour le mieux ! »
Nous voulons plus de justice et de tranquillité dans nos maisons à Lubumbashi.