La situation socio-économique se détériore de jour en jour à Mbujimayi. Les conditions de vie sont devenues presque insupportables. Conséquence, beaucoup de jeunes, et même des personnes âgées, choisissent d’aller vivre à Lubumbashi, à Kinshasa, ou à l’étranger. Problème, à l’approche des élections, cet exode massif réduit sensiblement le nombre d’électeurs au Kasaï-Oriental. Les candidats sont inquiets.
Selon le rapport de la Commission électorale nationale indépendante, 1 097 248 électeurs ont été enrôlés sur l’ensemble de la province du Kasaï-Oriental, dont 509 499 à Mbujimayi. Tous ces chiffres sont restés sur papiers, car depuis la fin de l’enrôlement des électeurs en juillet 2017 jusqu’à ce jour, le Kasaï-Oriental continue à enregistrer chaque jour des départs de populations. Jeunes et vieux émigrent vers d’autres provinces. Or ce sont des électeurs qui s’en vont. Qui restera alors voter aux élections du 23 décembre au Kasaï-Oriental ?
On aura sans doute une population d’électeurs beaucoup moins nombreuse que dans d’autres provinces. Et en maths électorales, avoir moins d’électeurs signifie moins de députés au Parlement. Mais que peuvent faire ces jeunes Kasaïens alors qu’ils ont des diplômes qui chôment faute d’emplois ? Lorsque commerce, affaires, entrepreneuriat et autres ne semblent plus marcher, que faire ? Rester à Mbujimayi ou partir ? Ils partent, tant pis pour les candidats et les élections !
Si les Kasaïens pouvaient tirer les leçons des élections passées !
Lors des élections de 2006, la ville de Mbujimayi avait obtenu 11 sièges à l’Assemblée nationale, contre 8 en 2011, mais aujourd’hui elle ne pourra avoir théoriquement que 6 sièges. Quelle sous-représentativité pour cette ville d’environ 3 millions d’habitants ! Bien sûr les candidats sont-là en nombre, mais qui va les élire alors que les électeurs partent vivre ailleurs ?
Aujourd’hui, les seuls transports routiers rentables à Mbujimayi sont ceux qui font Mbujimayi-Lubumbashi et Mbujimayi-Kinshasa. Les camions sont toujours pleins de voyageurs qui nous disent au revoir. À l’aéroport de Mbujimayi, il arrive parfois que des passagers soient débarqués de certains vols faute de place à bord. Mbujimayi n’avait pas connu ce phénomène depuis plusieurs années.
Inquiétude des autorités provinciales
Dans une interview sur une radio locale, Jean Pierre Mutanda Kabuya, vice-gouverneur du Kasaï-Oriental ne cache pas son inquiétude suite à cet exode massif des Kasaïens : « Je demande à ma population de rester ici chez nous, car avec ces mouvements, nous risquons de nous retrouver avec 500 000 électeurs seulement voir même 300 000. Et nous serons les premiers à nous plaindre que nous sommes sous représentés [au Parlement]. Ainsi, j’invite tous ces jeunes gens et tous ces responsables de foyers qui sont entrain de prendre des camions jour et nuit pour quitter la province à rester chez eux. Nous sommes une province riche, il y a tout chez-nous. Le seul handicap qu’on a, c’est le manque d’énergie électrique. La solution sera bientôt trouvée. »
Pour stopper cet exode, pas de solution miracle. Il faut trouver de l’emploi aux Kasaïens.
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merci jemanpel andre jefia a tshikapa