La grande pluie du 7 février 2017 à Kinshasa a causé des morts et d’énormes dégâts matériels. Des quartiers entiers ont été inondés. Le grand marché de Kinshasa n’a pas été épargné : mais les jeunes font preuve de créativité en proposant des solutions payantes pour contourner ces inondations.
Après la pluie, il vaut mieux attendre plusieurs jours pour aller au marché central de la capitale. C’est plein de boues partout. Les saletés sont insupportables. Imaginez que vous devez marcher dans les eaux stagnantes, dans les immondices que les eaux usées ont charriées et éparpillées dans les rues. Ajoutez à cela la puanteur que cela dégage !
Marché central de Kinshasa
Les flaques d’eau couvrent les rues du marché. Pas facile d’aller d’un pavillon à un autre, tellement c’est insalubre. Si bien que clients et vendeurs sont tous mal à l’aise. Et la mauvaise humeur est au rendez-vous. En essayant de sauter une flaque d’eau, on éclabousse les autres. Chacun claque la langue, rouspète, s’énerve, parfois insulte. C’est cela l’état d’esprit au grand marché central de Kinshasa après la pluie.
Pour se déplacer au milieu de ces eaux usées, hommes et femmes sont obligés de retrousser les pans de son pantalon, de son pagne, de sa robe ou de sa jupe. D’autres enlèvent carrément leurs chaussures, les tiennent à la main et se déplacent pieds nus.
Des jeunes offrent leurs services
Face à ces inondations, certains jeunes courageux ne restent pas les bras croisés en attendant une solution des autorités. Ils s’improvisent transporteurs de personnes qui ne veulent pas marcher dans les eaux sales. Moyennant paiement, ils les transportent sur leur dos et leur font traverser les boues et les flaques d’eau. Ces jeunes transporteurs appellent leurs clients en criant : « Mukongo 500 FC, Mukongo 500 FC » (en français : transport sur le dos 500 FC).
C’est ainsi que l’on peut voir des femmes monter sur le dos de ces jeunes hommes pour traverser les endroits fortement boueux. Représentez-vous une femme ronde transportée de cette manière, toutes les cuisses dehors ! Non loin, une planche en bois sert de passerelle. Tel un poste de péage, il faut payer également 500 FC pour passer dessus. Ce business improvisé marche bien pour ces jeunes.
« Ces initiatives des jeunes nous aident beaucoup quand il y a des inondations, mais il est plus qu’urgent que l’État songe à l’urbanisation de la ville », confie Charlotte, une cliente venue faire ses achats au grand marché.
Le lavage des pieds
Aux arrêts des bus, un autre groupe de jeunes appelés « enfants des rues », organise un autre business. Savon et bassin rempli d’eau, ils proposent de laver les pieds des passants qui se sont salis dans les rues boueuses du grand marché. Pour cette opération, 200 FC suffisent.
Bref, ces pauvres jeunes ont identifié les besoins existants dans la société et y apportent des solutions à leurs manières. Il appartient aux gouvernants d’assainir les rues de la capitale. Cela passe par l’entretien des caniveaux et des égouts pour éviter les inondations à chaque pluie.