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À Kisantu, la voie ferrée est transformée en espace de lecture

Nous sommes à Kisantu, dans la province du Kongo Central. Une ville merveilleuse et peu mouvementée située à 120 km au sud de Kinshasa. Kisantu est occupé à 70 % par des étudiants de l’Université Kongo. Ces derniers sont tellement nombreux dans la ville qu’ils envahissent même la gare ferroviaire.

Kisantu est une agglomération de quatre cités : Nkandu, Kikonka, Kintanu et Inkisi. Cette dernière cité est aussi appelée la Gare, en référence à la station des locomotives de la Société commerciale des transports et des ports qui s’y trouve.

Je suis moi-même étudiante de l’Université Kongo, et je peux vous en dire plus. Non seulement la fraîcheur que dégage cet endroit facilite un bon apprentissage de leçons, mais aussi il assure un calme bienfaisant. Pendant nos périodes de lecture, nous nous regroupons, chacun sort de sa maison pour se diriger vers la Gare d’Inkisi.

L’endroit n’a pas de chaises

Nous prenons des écritoires de l’université que nous emmenons à la gare pour nous asseoir dessus. Certains camarades prennent soin de remettre ces écritoires à l’université, d’autres non, et elles se perdent. Sur ce sujet, j’ai d’ailleurs discuté avec des amis pendant que nous révisions nos cours. Ils m’ont dit que la gare est un espace par où passe tout étudiant qui espère réussir à l’Université Kongo. On y retrouve « les bouquineurs, les batistes [le mot désigne ceux qui collectionnent le les examens des années antérieures NDLR ] et les détenteurs des copies d’examens qui ont fuité ». Tout est mis en place pour faire de ce lieu un espace où l’on se prépare à bien affronter les  grandes épreuves universitaires. Malheureusement, on oublie le danger de rester à côté de la voie ferrée.

Selon Gilbert Mabanza, chef de la gare principale d’Inkisi, on enregistre de temps en temps des accidents sur la voie ferrée. « Nous interdisons aux passagers et surtout aux étudiants de marcher sur les rails, mais ils n’écoutent pas, ils sont trop têtus », déplore Mabanza. Et de prévenir : « Nous ne sommes pas responsables de ce qui arrive sur la voie ferrée. Nous sensibilisons la population, et c’est tout ce que nous pouvons faire. »

Pour la plupart des étudiants, ceux qui meurent le long de la voie ferrée étaient tout simplement prédestinés à cela. Pourtant, la liste des accidents ne cesse de s’allonger. Une vieille femme revenant des champs, portant un fagot sur la tête, a été écrasée par un train. Un jeune de la cité de Nkandu a aussi été victime d’accident au même endroit. Mais cela n’empêche pas les étudiants à venir relire régulièrement leurs cours à la gare.

Scott Nsompi, étudiant en médecine à l’Université Kongo s’interroge : « En l’absence de bibliothèque et de salle de lecture à Kisantu, les étudiants n’ont pas d’autre choix que la gare. Nous ne sommes pas sans savoir que c’est dangereux, mais que faire si nous n’avons pas une bibliothèque adéquate ? »

On comprend donc que dans une ville comme Kisantu, une bibliothèque peut sauver des vies.

 

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