Le 1er septembre 2016, plusieurs villes et villages de la République Démocratique du Congo ont vu le soleil et la lune prendre rendez-vous pendant quelques minutes.Il s’agissait de l’éclipse annulaire qui a également recouvert plusieurs autres pays Africains, partant du Mozambique au Gabon.
Mais au Congo-Kinshasa, ce phénomène astronomique a été interprété de plusieurs manières selon qu’on est de la majorité présidentielle, de l’opposition politique ou citoyen lambda, car la date du 1er septembre a marqué aussi le début du dialogue national à Kinshasa, capitale du pays. Ces assises, se sont ouvertes pour tenter de trouver une solution au processus électoral qui semble aujourd’hui bloqué. Une grande frange de l’opposition Congolaise a néanmoins boycotté cette événement.
En Afrique, les différentes cultures interprètent l’apparition de ce phénomène astronomique comme un avertissement de la nature aux hommes sur un événement à venir. La RDC n’a pas fait exception de cette coutume. L’éclipse de ce jeudi, premier jour du mois de septembre de l’an 2016 a été teintée de plusieurs couleurs de lecture.
L’apparition de cet éclipse a laissé place à plusieurs interprétations, surtout à Kinshasa, où les médias, trop occupés à parler du dialogue, n’avaient même pas informé la population d’une éventuelle apparition d’une éclipse solaire.
« Le premier septembre est un jour exceptionnel dans l’histoire du Congo. Dieu a voulu démontrer aux Congolais que même la lune et le soleil qui ne se rencontrent pas régulièrement se sont rencontrés aujourd’hui. Pourquoi pas les politiciens Congolais ? En tout cas après la communauté internationale, Dieu a haussé le ton, que ceux qui trainent encore aillent au dialogue », lance sur son compte Facebook un fidèle du PPRD. Les sympathisants de l’opposition trouvent aussi leur phrase, une prophétie lancée le vendredi matin par un jeune cireur. « Lokola lelo moyi elongi molili, bongo pe Constitution ekolonga glissement ». (Comme le soleil l’a emporté sur les ténèbres, ainsi la Constitution triomphera sur le glissement).
Responsabilité partagée
La crise actuelle que traverse la République Démocratique du Congo n’est pas à attribuer à un seul individu ou à une institution donnée. La majorité, l’opposition et la Commission électorale nationale indépendante [CENI] ont contribué, chacune à leur manière, à envenimer la situation.
L’opposition congolaise n’a jamais eu un même langage sur le processus électoral. De son vivant, l’abbé Apollinaire Malu Malu, président honoraire de la Ceni proposa un chronogramme du processus électoral qui avait été rejeté par l’opposition congolaise, freinant ainsi la poursuite du processus.
Pour sa part, la Ceni, cet organe technique appelé à organiser les élections avec une nouvelle équipe à sa conduite après la démission du feu Malu Malu, n’a jamais rendu public le calendrier électoral, comme le prescrit la Constitution. La majorité présidentielle n’a jamais démontré un attachement à l’organisation des élections, synonyme pour beaucoup de chômage. Les membres de cette plateforme présidentielle concoctent des stratégies pour maintenir le Raïs au pouvoir. Pour ces adeptes de l’idéologie Wumela (règne à jamais), l’actuel chef de l’État doit rester et l’alternance signifie un changement d’ère ou de projet de société, mais pas d’individus. « Laissez le Raïs achever ses œuvres et il vous proposera un nouveau programme pour l’émergence du Congo à l’horizon 2030 » prêchent-ils ironiquement.
Une sanction commune
Il est encore temps de nous éviter le chaos chère classe politicienne congolaise. Alors qu’il nous reste 113 jours avant l’expiration du mandat de Joseph Kabila, qui ne doit plus se représenter selon la loi fondamentale du pays, il est inopportun de se rejeter les responsabilités. Trouvez-nous des alternatives à cette crise politique que vous avez tous entretenu. Sinon le peuple vous demandera des comptes le 20 décembre prochain, date à laquelle le deuxième et dernier mandat du président Kabila s’achèvera.