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Ces libertés provisoires dont bénéficient seulement les proches de Félix Tshisekedi

Le président Tshisekedi n’a cessé de rappeler que la lutte contre la corruption et l’impunité constitue une préoccupation majeure de son mandat. A ce sujet, il y a eu quelques arrestations des personnalités suspectées d’avoir détourné les derniers publics. Problème : la manière dont les procès se déroulent et se terminent ne rassure pas plus d’un observateur.

Les détournements et la corruption sont deux grands maux qui rongent la société congolaise depuis l’indépendance. Chose qui était rare par le passé, sous le règne de Fatshi, les Congolais assistent à des arrestations inédites des proches du président de la République et des hauts responsables du pays. Seulement voilà, les procès ressemblent plutôt à un trompe-l’œil puisque les principaux suspects sont vite remis en liberté, sans que la destination des fonds disparus ne soit connue.

Des libertés provisoires « suspectes » ?

Lors du procès de « 100 jours » par exemple, dans lequel était impliqué l’ancien directeur de cabinet du chef de l’Etat condamné pour détournement de plus de 50 millions de dollars américains, le concerné (Vital Kamerhe) a bénéficié d’une liberté provisoire, puis définitive. Mais la lumière n’a toujours pas été faite sur les millions de dollars supposés détournés. On peut se demander comment plus de 50 millions de dollars peuvent disparaitre sans trace.

D’autres suspects arrêtés dans des affaires de détournements des deniers publics, ont été mis en liberté quelques semaines après. Et les fonds n’ont jamais été retrouvés et on n’en sait pas plus sur l’évolution de leurs procès.

Libertés « provisoirement » définitives ?

Soupçonné d’avoir détourné des fonds destinés à la lutte contre la pandémie de Covid-19 en RDC, l’ancien ministre de la Santé Eteni Longondo et haut cadre du parti présidentiel UDPS, a été placé en détention le 27 août 2021. Quelques semaines plus tard, il a été liberé sous le vocable de liberté provisoire. Et jusqu’à ce jour, l’opinion ne sait pas grand-chose sur la suite de cette affaire.

Même scénario dans le procès Willy Bakonga, ancien ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique, condamné à trois ans de prison pour blanchiment de capitaux et transfert de capitaux vers l’étranger. Il a pourtant été libéré de prison.

Les circonstances de sa libération restent floues jusqu’à ce jour. Ce qu’on sait aujourd’hui c’est qu’il n’est jamais retourné en prison et qu’il a quitté son ancien parti le PPRD pour rejoindre l’Union sacrée de la nation, la coalition présidentielle.

Récemment placé sous mandat d’arrêt provisoire pour tentative de corruption et de trafic d’influence, faits se rapportant à ses conversations filmées avec de supposés investisseurs du secteur minier, Vidiye Tshimanga, ancien conseiller stratégique du président de la République a, lui aussi, bénéficié d’une liberté provisoire. Nous espérons que l’instruction va continuer pour éclairer l’opinion sur les soupçons de corruption qui pèsent sur l’entourage du président.

Justice indépendante ou instrumentalisée ?

Quand on sait que dans les affaires très médiatisées de détournements des fonds et de corruption, les libertés provisoires n’ont profité qu’aux proches du président, il y a lieu de se demander si ces libertés ont été accordées en fonction du droit ou plutôt du dernier coup de fil reçu par le juge. Est-ce une simple coïncidence ? En tout cas, quand ça fait deux, trois, quatre fois, ça devient une habitude. Et le schéma de notre justice semble se résumer en arrestation-détention-liberté provisoire définitive.

Pendant ce temps, malgré plusieurs demandes de libération provisoire, l’ancien ministre de la Santé Oly Ilunga, proche du PPRD, purge sa peine depuis 2020 pour détournement de fonds destinés à la riposte contre l’épidémie d’Ebola. Jean-Marc Kabund, l’ancien proche du chef de l’Etat poursuivi pour outrage à ce dernier, en sait quelque chose depuis sa cellule à Makala.

A cette allure, l’inefficacité des poursuites judiciaires fait douter de l’Etat de droit prôné par le chef de l’État. Et si la justice est dépourvue de son effet dissuasif et intimidateur, alors le palais de justice n’est plus différent d’un cirque.

 

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