La proposition de loi du député national Boris Mbuku qui veut envoyer en prison ceux qui mangent entre autres du chien en public fait jaser les Congolais. Selon ce défenseur des toutous, il faut sauver ces animaux qui sont nos meilleurs amis et qui risquent de disparaître de nos rues. Il propose même une peine de 10 à 20 ans de prison pour les gourmands de viande canine.
Cette initiative dite loi Milou, qui peut sembler sympa pour les amoureux des bêtes, est vue par beaucoup comme une pique à une autre proposition de loi qui fait grincer des dents, celle de Noël Tshiani dite loi Tshiani. Cette dernière veut réserver la présidence de la République et d’autres postes clés aux seuls Congolais qui ont deux parents congolais. Elle est critiquée par l’opposition, notamment le camp de Moïse Katumbi, comme une ruse pour écarter certains concurrents à la course au fauteuil présidentiel en 2023.
Ces deux propositions de loi montrent le manque de sérieux et de pertinence de la classe politique congolaise, qui se perd dans des débats bidons et risqués pour la cohésion nationale et l’intégrité du pays. Alors qu’il y a tant à faire dans ce pays sur le plan législatif, notamment pour booster l’économie, assurer la paix et la sécurité, protéger les droits et les libertés des citoyens, ces élus du peuple préfèrent s’occuper de broutilles ou de discriminations.
Ces propositions de loi ont aussi un effet négatif sur l’ambiance sociale et le vivre-ensemble dans notre pays. L’autre jour, dans un taxi-bus, j’ai failli assister à une baston entre des passagers à propos de ces deux lois. Les fans du régime en place défendaient la loi Tshiani, qu’ils voient comme un rempart contre l’ingérence étrangère dans les affaires du pays. Les anti-loi Tshiani la traitaient d’anticonstitutionnelle et de discriminatoire. Des noms d’oiseaux ont volé et il a fallu le sang-froid du chauffeur neutre pour calmer le jeu.
Je pense que ces propositions de loi sont des âneries qui n’ont pas leur place dans une démocratie moderne et pluraliste. Elles ne font que diviser les Congolais et les distraire sur de vrais problèmes du pays. Elles devraient être jetées à la poubelle par le Parlement ou par le peuple souverain.
Loi Tshani et loi Milou, l’expression de la démocratie ?
La loi Tshani, c’est l’expression de la démocratie ? Ah bon ? Et moi qui croyais que la démocratie c’était le respect de la Constitution, le pluralisme politique, l’égalité des citoyens, la souveraineté du peuple et les droits de l’homme. Mais non ! Apparemment, la démocratie, c’est discriminer les Congolais qui ont un parent étranger, les priver de leur droit de se présenter à la présidence de la République ou à d’autres fonctions de souveraineté, les soupçonner de déloyauté ou d’infériorité, les exclure du débat public et de les stigmatiser.
La loi Tshiani, c’est l’expression de la démocratie ? Mais bien sûr ! Et le Père Noël existe, les poules ont des dents et les vaches volent. La loi Tshiani, c’est plutôt l’expression de la peur, de la haine, de l’intolérance, du populisme et du nationalisme. C’est une loi qui viole la Constitution et les principes démocratiques. C’est une loi qui divise les Congolais et qui menace la cohésion nationale et l’intégrité du territoire. C’est une loi qui fait le jeu des ennemis du Congo et qui affaiblit sa position sur la scène internationale.
La loi Milou, c’est l’expression de la démocratie ? Non ! C’est une insulte à tous les Congolais qui sont fiers de leur diversité et de leur richesse culturelle. C’est une insulte à tous les Congolais qui sont attachés à leur liberté. Elle aurait été une très bonne chose dans un autre contexte et surtout en étant impersonnelle.