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Mbongo ya transport : cette corruption ancrée dans la culture congolaise

En RDC, quand vous vous déplacez pour aller voir une personne, un aîné ou une autorité, celle-ci a l’obligation de préparer une enveloppe pour votre transport. Dans les services publics, la pratique prend différents noms. Si le fonctionnaire a son propre véhicule, il appellera cela « carburant ». Si ce sont des policiers, à Kinshasa l’expression c’est « Ko futa makolo » (payer ses pieds pour qu’ils puissent se déplacer). 

Un jour à Kinshasa, l’ambassade des États-Unis prend l’initiative d’inviter des utilisateurs des réseaux sociaux ayant au moins 2.000 abonnés sur Facebook. Le but étant de discuter avec eux des sujets de société touchant à la jeunesse comme la liberté d’expression et les droits de l’homme. À la fin de la rencontre et après un bon repas, certains des invités se plaignent. Ils n’ont pas eu droit au « transport ».

Plus loin, la ville de Bukavu tombe entre les mains du colonel dissident Jules Mutebusi. Des protestations ont lieu dans la capitale Kinshasa et dans de nombreuses villes du pays. Joseph Kabila tente de rassurer l’opinion et convoque les associations étudiantes. Même réclamation : le « transport » ! Là aussi cela donne lieu à une bagarre entre les futures « élites » du pays.

Une seconde nature

Cette forme de corruption appliquée dans la petite administration s’est vue ainsi généralisée dans notre culture. Il devient difficile même en famille de recevoir la visite de proches, car très souvent, ceux-ci exigent les frais de « transport ». Une situation étendue jusque dans les relations de couples où ce n’est plus élégant pour un homme de laisser partir sa copine sans lui donner son argent de transport. Le mouvement dit du « Syndicat », qui a fait le buzz en fixant le montant du transport à donner aux filles par leurs copains à 2.000 francs congolais, montre à quel point cette pratique s’est incrustée dans nos cultures.

Beaucoup affirment que le transport est un réflexe culturel bantou à ne pas confondre avec la corruption. Rencontrer une autorité et rentrer bredouille est considéré comme une humiliation pour l’hôte dont la réputation peut s’en trouver entamée. On appelle «  batu ya maboko makasi » ceux qui, après avoir grandi dans une culture occidentale, refusent cette pratique.

 

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