Si vous êtes observateurs électoraux étrangers et que vous venez en mission en RDC, sachez qu’il y a certains mots et expressions dont vous ne comprendrez jamais le sens, à moins de vous renseigner. Ce dictionnaire du français électoral congolais est pour vous. Ouvrez ici à la page « dépôt des candidatures » et retenez bien les mots et expressions ci-après.
Inéligible
En cette période électorale en RDC, le mot « inéligible » est sur toutes les lèvres dans le camp de la majorité présidentielle. On l’entend à la radio tous les jours, comme une chanson. Ce mot « inéligible » s’applique uniquement aux membres de l’opposition. Moïse Katumbi « inéligible », Jean-Pierre Bemba « inéligible », Franck Diongo « inéligible », Diomi Ndongala « inéligible »…
Mais attention, c’est une erreur grammaticale grave que de dire : Kabila est aussi « inéligible ». Surtout ne pas descendre dans la rue et dire cela ! L’armée et la police ne tarderont pas à vous corriger, car c’est une faute de français inadmissible.
Comprenez ma passion
C’est l’expression créée par le président Kabila lui-même et qui est actuellement en vogue en RDC. Dans un discours, il a dit : « Comprenez ma passion pour le Congo ». Sauf que ici, le mot Congo ne veut pas dire le pays ou la population, mais plutôt le pouvoir, son pouvoir. Ainsi, la vraie expression serait : « Comprenez ma passion pour le pouvoir », car en réalité, le vrai Congo pour le président c’est le pouvoir. D’autres Congolais par contre ont cru entendre Kabila dire : « Comprenez ma PENSION… » En RDC, le mot « pension » est un belgicisme qui veut dire « retraite ». C’est ainsi que beaucoup de Congolais ont cru que le chef de l’État annonçait qu’il prenait sa retraite politique et demandait qu’on le comprenne. Il faut toujours faire attention à chaque mot français ici et se renseigner. Mais partout en RDC, l’expression fait le buzz. Tu trébuches et tombes, tu diras : « comprenez ma passion » ; tu aimes une fille, « comprenez ma passion » ; tu détournes les deniers publics, « comprenez ma passion » (pour le vol)…
Minables, misérables et malheureux journalistes
Cette injure a été attribuée au ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba qui aurait qualifié de « minables, misérables et malheureux » les journalistes congolais qui osent donner la parole à l’opposant Moïse Katumbi. Mais en RDC, l’expression s’applique désormais à tous ceux qui vivent dans la misère. Ainsi, on dira par exemple : « Minables, misérables et malheureux fonctionnaires de l’État » ; « minables, misérables et malheureux enseignants »…
À noter que le ministre Thambwe Mwamba a toujours nié avoir utilisé cette expression contre les journalistes, ne voulant pas avoir de problèmes avec les médias en cette période électorale. Mais je suis sûr que si c’était un journaliste qui avait tenu de tels propos contre un ministre, il aurait déjà été envoyé en prison, même sans preuve.
Ils ont peur des élections
Cette expression est utilisée lorsqu’on veut salir ou intimider l’adversaire politique. Ainsi, quand quelqu’un craint les fraudes électorales et rejette la machine à voter, on dit qu’il a peur des élections. Pareil, quand on rejette un fichier électoral qui comprend près de 10 millions d’électeurs sans empreintes digitales.
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