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Présidentielle à la congolaise 2/2

Les élections vues par un militaire

La présidentielle sonne comme un appel à la mobilisation générale. Le danger approche et il va falloir se bouger, sinon un imposteur ira prendre la place du toujours très martial commandant suprême des forces armées. Notre militaire va devoir renouveler son serment : servir son maître et lui seul. Ne dit-on pas qu’on ne sert jamais deux maîtres à la fois ?

N’ayant pas le droit de vote, le moins que puisse faire notre soldat est de faire appliquer un scrutin à « demi-tour » pour tous les votants de l’opposition. En clair, celui qui a l’intention de « ne pas bien voter » devra rentrer chez lui sans passer par la case des urnes. Par contre, les électeurs du parti au pouvoir obtiendront toutes les facilités pour opérer un scrutin à plusieurs tours (voter et revoter aussitôt après que l’encre indélébile a séché). Et tant mieux si le chef obtient plus de voix qu’il n’y a d’électeurs inscrits !

Les élections vues par un diplomate étranger

Etre ambassadeur ou consul d’un pays amis de la RDC n’est pas de tout repos me direz-vous. Pourtant, nos diplomates (surtout ceux des pays occidentaux accrédités en RDC) s’ennuient énormément à traiter la question de l’octroi de visas à des Congolais pressés de quitter « l’enfer » au plus vite, ou encore à assister à des inaugurations de campagnes de vaccination financées par leurs pays. Le jour du scrutin présidentiel, Monsieur l’ambassadeur et ses collègues ont l’occasion de sortir de leur train-train quotidien : visiter quelques bureaux de vote au hasard, faire une déclaration devant les médias si nécessaire, et passer un coup de fil à leur ministre de tutelle pour rendre compte de la situation.

Mais c’est encore mieux si pouvoir et opposition se crêpent le chignon à la fin de la journée à propos du déroulement du vote. Notre diplomate a alors du boulot. Il faut séparer les deux adolescents en les invitant au calme, puis distribuer les bons et les mauvais points. Le pouvoir s’est rendu coupable de bourrage d’urnes et l’opposition va devoir reconnaître sa défaite. Mais ce qu’ignore l’ambassadeur c’est que ces mauvais points font plus de mal à l’opposition qu’au pouvoir. Ce dernier ayant les moyens de gérer.

Les élections vues par un homme d’affaires

Si ça ne dépendait que de lui, notre professionnel du monde des affaires aurait mis fin au mode d’accession au pouvoir par les urnes. Il en a tellement marre des risques que font courir les opérations de vote sur son business. Il suffit d’un malentendu entre les deux camps qui s’affrontent et l’on est parti pour des jours de vifs débats, de manifestations dans les rues et de déploiements massifs d’hommes en uniformes dans les lieux stratégiques du pays.

Pendant ce temps, les capitaux fuient le pays en masse, échaudés par cette montée brusque de la tension. « L’argent a horreur du bruit », disent les connaisseurs. Alors quand arrive le jour du scrutin, notre homme d’affaires préfère prendre des vacances. C’est son seul moyen de conjurer le sort.

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