« De manière générale, l’opposition a tendance à dominer le net »
Abel Augustin Amundala, très actif sur Facebook, recherche sur le web, « l’information non censurée », puis la publie sur son compte dans le but d’« influencer l’opinion de mon entourage dans le bon sens. ». A cause de ses publications très critiques, il est vu comme un opposant. Il considère que « de manière générale, l’opposition a tendance à dominer le net ».
Le web, lieu de contestation
Malgré leurs divergences, les opposants parviennent à s’unir sur un point : critiquer le régime Kabila et ternir son image. Ils commentent les informations sur les fraudes, la corruption ou encore les rapports d’ONG. Les plus actifs sont Samy Badibanga, député de l’UDPS, Martin Fayulu de l’ECIDE, Eve Bazaiba du MLC, Olivier Kamitatu du G7, Vital Kamerhe de l’UNC et Moïse Katumbi, le plus suivi, sur Twitter. A ces ténors de l’opposition s’ajoutent de nombreux jeunes qui font entendre leur voix et appellent à l’alternance sur la toile.
La diaspora, souvent hostile à Kabila, appuie cette contestation. Le moindre dérapage d’un officiel est épinglé et critiqué sur les réseaux sociaux. Ce qui est arrivé le 7 février après la victoire des Léopards au CHAN en est un exemple. Henri Mova, secrétaire général du PPRD annonce que les léopards, donne un 3e mandat à Kabila. Son silence le sauvera de la colère des internautes qui refusent ensuite de croire à l’explication qu’il leur donne pour justifier ce post : son compte aurait été piraté.
« @AmbHenriMova finalement ça devient un peu trop facile… on peut tout mettre sur le dos de Mr Hacker…. », ironise un twittos. Pour un autre, le régime Kabila « est à court d’idées. »
La contre-offensive du PPRD
« Il y a une armée cybernétique de Kinshasa, très agressive »
Momo Mulapu, communicateur au PPRD est très actif sur Facebook et initie de nombreux débats. Il lance débats et répertoriant. L’enjeu est clair : contrer l’opposition sur la toile : « On encourage les militants de nos partis PPRD à plus interagir avec ceux de l’opposition », confie-t-il avant de conclure : « pas de contrôle, plus d’interaction ». Les internautes, comme Momo, sont de plus en plus visibles et ne cachent pas leur soutien à Joseph Kabila. D’autres s’attardent même sur l’idée du 3e mandat interdit par la constitution en son état actuel. Les échanges tournent souvent au vinaigre . « Il y a une armée cybernétique de Kinshasa, très agressive », constate un internaute. « Qui est le plus agressif entre ceux qui pistent nos pensées sans insulte et ceux qui nous insultent à longueur de journées ? » réplique Momo Mulapu.
La bataille pour l’alternance a ainsi de l’avenir sur internet. La seule différence est que les leaders de l’opposition sont à l’offensive, alors que les officiels de Kinshasa, ne montent pas en première ligne. Les ministres Lambert Mende, Augustin Matata, Triphon Kinkey, les plus actifs sur Twitter, réagissent très peu aux attaques personnelles et évite de s’engager dans des polémiques.
Le risque de restriction des libertés
« Dans notre pays, l’Etat s’intéresse plus à ce qui se dit à la radio ou à la télé. Ce qui fait que, pour l’instant, on se sent libre… ». Cette observation du blogueur Jean-Hubert Bondo est-elle toujours d’actualité ? Kinshasa s’intéresse de plus en plus au web, tout comme de nombreux citoyens congolais qui peuvent y accéder grâce au mobile. Sur internet, les langues se délient. Mais la quête du web entamée par Kinshasa qui l’accusait en janvier 2015 d’attiser les violences ; obligent certains internautes à recourir à des pseudonymes par crainte d’être surveillé et de subir des représailles.