Récemment, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a annoncé son retrait de la COP29, qui se tient actuellement à Bakou en Azerbaïdjan. Ce geste vise à protester contre le manque de soutien effectif aux victimes du changement climatique.
Cette décision, prise au nom de toutes les petites nations insulaires menacées par la montée des eaux, aurait dû donner des idées à la RDC, un autre géant climatique. En effet, malgré sa participation régulière aux conférences internationales sur le climat, notre pays peine à se faire écouter et à obtenir des résultats tangibles. Les financements promis sont souvent différés, conditionnés, ou tout simplement insuffisants.
Avec ses 155 millions d’hectares de forêts, dont la célèbre forêt équatoriale du bassin du Congo, la RDC abrite le deuxième poumon vert de la planète. Ce trésor naturel joue un rôle crucial dans la régulation du climat global et abrite une biodiversité unique. Théoriquement, cette position stratégique devrait donner à la RDC un poids considérable dans les négociations climatiques internationales. Pourtant, malgré une participation active à presque toutes les COP, les retombées financières concrètes restent limitées pour le pays.
En 2021, lors de la COP26, des engagements significatifs ont été pris par la communauté internationale pour financer la préservation des forêts tropicales. La RDC devait bénéficier de 500 millions de dollars sur cinq ans pour la conservation du bassin du Congo, grâce à l’appui des pays comme la Norvège, l’Allemagne, et le Royaume-Uni. Toutefois, ce financement est conditionné : il dépend de la réduction concrète de la déforestation, une tâche complexe pour un pays confronté à des pressions économiques et sociales considérables.
De même, l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (Cafi), une autre source de financement pour la RDC, a plusieurs fois vu ses versements retardés en raison de désaccords sur la gestion des fonds et sur la transparence. Cafi a promis 200 millions de dollars pour soutenir des programmes de développement durable dans le pays, mais la libération de ces fonds reste conditionnée à des résultats concrets, souvent mesurés par des standards fixés par les donateurs eux-mêmes.
Les défis d’un géant aux pieds d’argile
Loin de pouvoir capitaliser son potentiel environnemental, la RDC doit faire face à d’importants défis internes. L’absence d’infrastructures adéquates, les contraintes économiques, les conflits armés et la déforestation illégale affaiblissent la capacité du pays à se présenter comme un acteur fort et crédible sur la scène internationale. Ce paradoxe fait de la RDC un « géant climatique aux pieds d’argile ». Malgré son potentiel, la voix du pays reste inaudible et sans influence suffisante pour revendiquer ses droits climatiques.
Si des nations comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée osent prendre position en boycottant les grandes conférences, la RDC pourrait également adopter des stratégies plus audacieuses. La voix congolaise pourrait gagner en impact en créant des alliances avec d’autres pays forestiers ou vulnérables, et en exigeant des actions concrètes.
À chaque COP, la RDC joue un rôle essentiel, mais discret, un géant silencieux au cœur des débats. Pour qu’un réel changement s’opère, il est urgent pour la RDC de transformer sa force naturelle en influence diplomatique. Devenir un acteur entendu et respecté dans la lutte contre le changement climatique.