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RDC : des députés suppléants moins efficaces que leurs titulaires

Selon le petit Robert de la langue française, suppléer signifie « se mettre ou être mis à la place de, remplir les fonctions de ». Mais au Congo, les députés suppléants ne sont pas toujours à la hauteur de cette mission.

Les Assemblées sont des organes essentiels dans un système démocratique. Elles rassemblent les représentants du peuple. Pour assurer la continuité du travail parlementaire, un mécanisme de remplacement des parlementaires empêchés ou touchés par des incompatibilités avec la fonction a été mis en place. Il s’agit de la suppléance. Pourtant, il est triste de constater que nos Assemblées provinciales sont remplies de suppléants qui ne sont pas le choix du peuple. Pire, ils n’ont ni les compétences, ni les aptitudes que le peuple avait vues dans leurs titulaires en les élisant.

La suppléance : une affaire familiale ?

Pour la députation, tout candidat doit avoir deux suppléants. Mais la manière dont ces suppléants sont désignés suscite des interrogations. C’est par exemple des enfants qui remplacent leurs pères, des époux remplaçant leurs conjoints, des parents se remplaçant entre eux…

Bien sûr, on ne peut pas interdire à un membre d’une famille de prendre la place d’un autre. Mais en RDC le slogan est devenu : « Si je ne suis plus là, alors je passe mon siège à ma femme, à mon enfant, à mon frère ou à ma sœur. » Cette manière de procéder met à mal le travail parlementaire, car les suppléants devenus députés ne se sentent pas redevables devant le peuple, mais devant les personnes qui leur ont cédé leurs places à l’hémicycle.

La suppléance sacrifie le choix du peuple

Le rôle du député est de représenter la population qui l’a élu. Le peuple souverain porte son choix sur tel candidat plutôt que sur tel autre, en fonction de certaines qualités, aptitudes particulières et expériences personnelles qu’il lui reconnait. Mais bien souvent, cette personne qui a bénéficié de la confiance de ses électeurs, cède son siège pour aller occuper d’autres fonctions, dans l’administration publique. Par exemple, l’Assemblée provinciale du Nord-Kivu compte à elle seule 11 députés suppléants (sur 48 députés au total). Ils ont remplacé des députés provinciaux qui ont choisi d’autres fonctions.

Les suppléants ne sont pas aussi efficaces que leurs titulaires

Les Assemblées provinciales de la RDC ont un rôle important à jouer dans le processus de développement de leurs entités respectives. Pour réussir une telle tâche, il faut que cette chambre soit animée par des personnes qui ont la confiance du peuple, un bagage intellectuel suffisant, des capacités à contrôler l’exécutif, mais aussi une volonté sans faille de défendre la cause des citoyens.

Aussi longtemps que les vrais députés élus du peuple quitteront leurs sièges au profit de leurs suppléants, le travail de ces Assemblées peinera toujours à donner les résultats attendus. Car ces suppléants ont été désignés selon des critères qui n’ont rien à voir avec le mérite et le professionnalisme.

 

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