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UDPS : la page Kabund définitivement tournée

Kabund n’est plus le président intérimaire de l’UDPS. Pire, il n’est plus membre de ce parti. La Commission démocratique du parti (CDP) a décidé de radier le maître-nageur. La décision semble disproportionnée mais ne surprend pas.

Il aura fallu attendre 15 jours après son tweet déclencheur pour connaître le sort de Jean-Marc Kabund. Samedi 29 janvier, le CDP l’a exclu de l’UDPS pour « escroquerie dans la vente des cartes, violences physiques sur les combattants, autoproclamantion comme informateur sous FCC-Cach, manque de dignité dans ses fonctions, agression répétée sur les éléments de la garde républicaine ».

Tout semble indiqué que le sentence était déjà arrêtée avant le jugement. En effet, ces derniers jours, plusieurs forces vives du parti et même de l’Union sacrée ont successivement désavoué celui qui paraissait comme la cheville ouvrière de la majorité au pouvoir.

Kabund est crucifié pour des péchés qu’il aurait commis il y a plus d’une année, de quoi interroger sur le timing. Réagissant à cette décision, le secrétaire général de l’UDPS a semblé minimiser l’affaire. Pour Augustin Kabuya, seule une chose compte : offrir à Tshisekedi un second mandat et une majorité confortable. Sauf qu’il oublie que la fin ne justifie pas toujours les moyens. Kabund était une des figures de proue de l’UDPS. Le rejeter aujourd’hui s’apparente à une ingratitude.

A l’UDPS, on n’a donc pas su laver les linges sales en famille. Désormais, le parti est au bord de l’implosion, car Kabund dispose toujours des inconditionnels et fidèles qui pourraient être tentés de suivre leur « chouchou » dans une nouvelle aventure.

Triple guerre de succession

Kabund parti, c’est surtout une triple guerre de succession qui est lancée. D’abord au parti où plusieurs ne voient pas le n°2 Kabuya prendre sa place. Un député du parti a d’ailleurs lâché dans un groupe WhatsApp : « Kabuya n’a pas le charisme pour diriger le parti. A la hiérarchie de trouver l’oiseau rare pour maintenir l’équilibre du parti. »

L’autre guerre, c’est celle de la nouvelle égérie de l’Union sacrée. Même sans fonction officielle au sein de la majorité, Kabund était au centre de toutes les décisions. C’est lui qui avait initié la requalification de la majorité. Quand les dissidents du FCC menaçaient de claquer la porte, il est revenu à la charge pour jouer au sapeur pompier. A l’Assemblée nationale, Kabund était considéré comme le chef de la majorité.

Kabund parti, c’est aussi son siège au bureau de l’Assemblée nationale qui est menacée. Malgré son intention de démissionner annoncée sur Twitter, l’homme n’a jamais mis sa menace à exécution et demeure premier vice-président de l’Assemblée nationale. Avec son exclusion du parti qu’il représentait au bureau, ses jours au perchoir sont désormais comptés.

Depuis quelques jours, plusieurs sources à la Chambre basse faisaient déjà état d’une pétition en circulation pour obtenir sa déchéance. En vue de conserver le peu d’estime qu’il lui reste, Kabund ferait mieux de partir tête haute au lieu de se faire humilier par une deuxième destitution après celle de 2020 et tout ça dans la même législature.

Kabund et « Décision finale »

Désormais affranchi du label UDPS, Kabund est attendu au tournant. A moins de deux ans des échéances électorales, l’exclusion de Kabund vient de redistribuer les cartes. Il est un homme de terrain, un homme de la base.

Alors président a.i de l’UDPS, Kabund dirigeait une ASBL presqu’aussi puissante que le parti : « Décision finale. » Depuis l’annonce de sa démission, plusieurs ont prêté à Kabund l’intention de muer cette structure en parti politique. Une autre opinion sent plutôt un rapprochement Kabund – Katumbi pour affronter Félix Tshisekedi à la prochaine présidentielle. Bref, l’histoire ressemble étrangement à César et Brutus, sauf qu’ici on ne sait pas définir clairement qui joue quel rôle entre Kabund et Tshisekedi.

 

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