Les vendeurs de carburant communément appelés « Kadhafi » s’insurgent contre la décision du gouvernement d’interdire la vente du carburant le long de grandes artères de Mbujimayi. Ils trouvent en cette mesure la volonté manifeste des autorités de les renvoyer au chômage.
À Mbujimayi la mesure interdisant la vente de carburant n’est pas respectée, les Kadhafi sont catégoriques dans leur refus. Nathalie est l’une d’entre eux, elle se moque de la décision du gouvernement : « Nous ne nous soumettrons jamais à cette mesure impopulaire du gouvernement. C’est une mesure contreproductive. D’ailleurs si vous regardez le long des routes, vous verrez que nous continuons à vendre le carburant. Ce n’est pas le gouvernement qui va nourrir nos familles. Nous voulons voir comment il va nous empêcher de vendre ! »
Marié et père de famille, Kasongo Muntu Wazamani se dit choqué que l’État congolais ait décidé d’interdire aux Kadhafi d’exercer leur commerce : « J’ai 13 ans dans la vente de carburant. Je nourris mes enfants et je paie leurs études grâce à ce travail. Me demander aujourd’hui d’arrêter de vendre le carburant c’est condamner ma femme et mes enfants à mourir de faim. Je ne peux pas supporter cela. Qu’on nous laisse travailler librement, nous sommes tous fils de ce pays. »
Sophie Masengu est également une Kadhafi à Mbujimayi. Pour toute marchandise, elle n’a que trois bidons d’essence à vendre. Elle explose de colère : « C’est quel gouvernement qui ne connait pas les souffrances de sa population ? Dites-moi dans quel pays où il n’y a que des grossistes et non les détaillants ? Pourquoi étouffer les petits vendeurs que nous sommes ? L’Etat devrait résoudre d’abord les problèmes d’élections dans ce pays plutôt que de distraire l’opinion en s’attaquant aux revendeurs de carburant. Je suis sûre qu’avec des mesures comme ça, l’État cherche une astuce pour créer de nouvelles taxes sur le carburant, je connais bien les manœuvres de notre gouvernement. » Et d’ajouter : « Si j’avais la possibilité de quitter ce pays, je serais déjà partie. Je continue à vendre le carburant parce que je n’ai pas d’autre chose à faire. »
Les Kadhafi assurent le service
La majorité de vendeurs de carburant à Mbujimayi rejettent les raisons avancées par le gouvernement congolais pour interdire la vente de carburant le long des grandes artères de la ville. « Le gouvernement nous accuse injustement d’insécuriser la population par les mauvaises conditions de stockage de carburant. Il pense que c’est nous qui sommes à la base de la hausse des prix de carburant à Mbujimayi. C’est faux, c’est plutôt la multiplicité de taxes qui fait grimper les prix ! », explique un autre Kadhafi.
Ce qui est vrai c’est que ces vendeurs de carburant sont d’une grande importance à Mbujimayi. Ici les stations service n’ouvrent que deux ou trois fois par semaine. Ce sont donc ces Kadhafi qui couvrent le reste des jours. Ils travaillent même au-delà de minuit et desservent les quartiers les plus reculés de Mbujimayi, ainsi que les territoires où il n’existe aucune station service. L’État devrait en tenir compte.
A relire:
Interdiction des « Kadhafi » à Mbujimayi pour « assurer la sécurité des personnes »
Qu’on trouve des stratégies d’encadrement de ce genre d’activités au lieu de les décourager. Ils sont forts ces personnes qui ne croisent pas les doigts mais se bougent. Il faut les encourager…