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Des régions du Nord-Kivu oubliées par les humanitaires ?

Depuis des années, les territoires de Masisi, Walikale et Rutshuru, au sud du Nord-Kivu, sont le théâtre d’affrontements armés et de banditisme. Ils connaissent depuis des mois une intensification des combats. L’accès aux champs et aux centres de santé est réduit. Selon les estimations, près de 687.500 personnes vivent aujourd’hui dans des camps de fortune ou dans des familles d’accueil déjà fragilisées par la crise. 

Appelé le « petit nord », cette région reste largement oubliée de l’opinion publique et des acteurs humanitaires. Face à l’ampleur des besoins sur place, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) appelle les organisations humanitaires et les bailleurs à réinvestir au plus vite dans cette région négligée en proie aux affrontements et aux déplacements des populations.

Pascaline, 12 ans, au camp des déplacés de Katale dans le territoire de Masisi. Elle fait ses devoirs devant sa maison profitant des derniers rayons du jour avant la tombée de la nuit. ©:Pablo Garrigos/MSF

De janvier à septembre 2019, les équipes de cette ONG actives dans ces trois territoires ont soigné plus de 11.220 enfants en situation de malnutrition, mais aussi 2.310 victimes de violences sexuelles et 1.980 personnes blessées par arme.  « Nous constatons une hausse des cas de malnutrition et nous avons pris en charge deux fois plus de victimes de violences sexuelles que l’an passé », témoigne Ewald Stals, coordinateur de terrain MSF dans la zone de santé de Masisi.

« Les affrontements en hausse ont aussi eu pour corollaire une augmentation des blessés par balles, et un gonflement des camps déjà surpeuplés et manquant cruellement de sanitaires. Le choléra a fait son apparition et nous avons dû mettre sur pied un centre de traitement de choléra en urgence. », ajoute le coordinateur de terrain.

Des villageois amènent une femme âgée au centre de santé de Louashi, soutenu par MSF, dans le territoire de Masisi. Ils ont marché pendant plusieurs kilomètres avant d’atteindre cette structure de santé. ©:Pablo Garrigos/MSF

« Où sont les acteurs humanitaires ? »  

Ces dernières années, plusieurs acteurs d’urgence ont quitté cette région à cause notamment de l’insécurité, des difficultés de mouvement et du manque de financements.

Nyanzamaobi avec ses enfants au camp des déplacés de Bukombo. Elle est arrivée dans le camp il y a 6 mois avec son mari fuyant la violence. © :Pablo Garrigos/MSF

« Faute d’acteurs, nous répondons depuis des mois à des besoins non médicaux, en particulier dans les camps où les problèmes d’accès à l’eau et aux sanitaires sont énormes. Mais nous sommes au maximum de nos capacités. Il est urgent que d’autres organisations se mobilisent dans la réponse humanitaire sur place », explique Karel Janssens, chef de mission de MSF.

« Une poignée d’organisations viennent de démarrer des activités, mais cet appui est temporaire et bien insuffisant pour faire face aux besoins », poursuit Karel Janssens. Il conclut : « Vu l’ampleur de la crise, un investissement bien plus massif s’impose dans le sud du Nord-Kivu, avec des organisations humanitaires installées sur le terrain et bénéficiant de financements plus longs. Le Plan de réponse humanitaire 2020 pour la RDC doit clairement prendre en compte cette réalité du ‘’Petit nord’’ au Nord-Kivu. »  

Les territoires de Masisi, Rutshuru et Walikale compteraient ensemble 687.589 déplacés fin septembre 2019, dont près de 92.000 vivant dans des camps. Il est donc plus qu’urgent que le Plan de réponse humanitaire 2020 pour la RDC prenne en compte les difficultés de cette région dénommée « Petit nord » au Nord-Kivu.

 

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