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[Webocratie] Atou Matubuana, victime d’une justice tribale ?

La toile a explosé au sujet de l’arrestation musclée de l’ancien gouverneur du Kongo-Central, Atou Matubuana. Ce dernier, indexé par l’Inspection générale des finances dans une affaire de détournement de fonds publics était recherché depuis le mois de septembre par le procureur près la Cour de cassation. Une note interne de la Direction générale de migrations enjoignait à tous les agents aux frontières de l’intercepter.

Je ne sais pas trop pourquoi l’intéressé n’a pas répondu aux convocations qui lui étaient adressées. C’est au total l’équivalent de 8 millions de dollars destinés entre autres aux services civils et militaires, à la sécurité et à la justice qui auraient été détournés par l’ancien gouverneur.

Disparu des radars depuis trois mois, Atou Matubuana réapparait à l’occasion du discours du président Tshisekedi sur l’état de la nation au Palais du peuple. Alors qu’il était destitué de ses fonctions par l’Assemblée provinciale, il est réhabilité par le Conseil d’État, jusqu’à son arrestation à sa résidence de Kinshasa.

Une affaire ethnique ?

C’est ce qui ressort des commentaires fusant de toute part. Les Nekongo se disent indignés du traitement réservé à cet ancien gouverneur qu’ils assimilent à un dénigrement contre leur ethnie. Dans une vidéo virale, le président de l’Assemblée provinciale, Jean Claude Mvuemba a appelé au soulèvement. L’Association congolaise pour la justice a pour sa part, dénoncé des pressions sur des membres du gouvernement pour relaxer le détenu. Toujours selon cette association, il aurait été libéré tard dans la soirée.

Le même scénario s’est répété à l’arrestation du pasteur Ngoy Mulunda après son sermon sécessionniste au Katanga. Là aussi, des élus s’étaient levés pour dénoncer un acharnement ethnique.

Le tribalisme : l’ennemi de l’État de droit

Si à chaque fois que la justice interpelle quelqu’un, il y a des déclarations du genre « Nous, les ressortissants de… », « Nous les… », c’est à se demander s’il faut à la place de nos cours et tribunaux, installer des tribunaux ethniques pour que les ressortissants de chaque province soient jugés par les membres de leurs ethnies.

Est-ce que la prochaine étape sera que les magistrats qui vont le juger soient originaires du Kongo-Central pour garantir l’équité du procès ? Par ailleurs, les services de sécurité doivent apprendre à respecter le principe de présomption d’innocence. Ce principe ne devrait pas exister que pour une catégorie de personnes.

Qui, hormis l’un de nos blogueurs, s’est déjà plaint du fait que Molière TV, affiche les visages de personnes supposées coupables de délits, sans les masquer ?

Les brutalités qui ont émaillé l’arrestation de l’ex-gouverneur du Kongo-Central sont condamnables, mais il faut éviter de mêler l’ethnie Ne Kongo à cette affaire.

 

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