L’un des grands rêves que nourrit le jeune Kasaïen qui termine ses études c’est de quitter Mbujimayi pour aller à Kinshasa, à Lubumbashi ou à l’étranger. Ce qui est tout-à-fait normal. Mais là où le bât blesse c’est quand les départs sont massifs dans un même laps de temps, donnant l’impression d’un véritable exode. Plus grave, une bonne partie de ceux qui partent est constituée de meilleurs cerveaux locaux, abandonnant la province à son triste sort.
Ainsi, à travers son #FaceAuxJeunes de ce samedi 14 décembre 2019 à Mbujimayi, Habari RDC s’est penché sur la question dans une conférence-débat avec les jeunes de Mbujimayi. L’orateur du jour, Patrick Tshibangu, coordonnateur de L’ONG Codesci (Collectif pour le développement économique, social et culturel intégré) a présenté les causes majeures de ces départs des jeunes vers d’autres provinces, mais aussi des solutions.
Absence de facteurs d’attraction au Kasaï
Dans une province où l’électricité et l’eau courante sont encore un luxe, c’est difficile que les jeunes ne soient pas tentés d’aller voir ailleurs, a dit l’orateur. À cela s’ajoute le manque d’emplois et d’opportunités, mais aussi d’infrastructures de divertissement et d’autoformation telles que les bibliothèques, les parcs, les musées, etc. Les meilleurs projets pourvoyeurs d’emplois viennent rarement au Kasaï. Et quand ils viennent, la main d’œuvre a déjà été recrutée depuis Kinshasa ou Lubumbashi.
À Mbujimayi, il n’y a ni consulat ni centre culturel national ou étranger, ce qui fait que les jeunes se retrouvent coupés du monde et privés de tout. Face à cette triste réalité, les participants appellent les autorités à mettre en place les conditions susceptibles de pousser les jeunes à rester au Kasaï. Cela passe par la création d’emplois, l’amélioration du climat des affaires en faveur des jeunes entrepreneurs, l’octroi des crédits, la subvention des projets des jeunes surtout dans le numérique, etc.
Les jeunes du Kasaï ont aussi besoin de voir exister à Mbujimayi des centres culturels et des consulats comme à Lubumbashi, à Goma ou à Kinshasa.
Ne pas tout attendre de l’Etat
Parmi les invités à ce Face aux jeunes, il y avait le député provincial Junior Muteba et le secrétaire général du gouvernement provincial Paulin Tshimanga. L’intervention du député m’a beaucoup plu, car il a appelé les jeunes à se prendre en charge pour créer eux-mêmes leurs emplois et ne pas trop compter sur les politiciens. Le député a donné son propre exemple en parlant des projets qu’il avait initiés sans moyens de l’Etat et qui aujourd’hui sont devenus des projets de référence dans le domaine de l’éducation des jeunes. Il l’a fait avec ses maigres moyens, et à l’époque il n’était même pas encore élu député.
D’autres jeunes qui ont émergé ont donné leurs témoignages dans la salle, prouvant qu’on peut gagner sa vie sur place au Kasaï sans forcément avoir le soutien du gouvernement. Bref, les jeunes doivent cesser de croire que le paradis est à Lubumbashi ou à Kinshasa. J’ai aussi noté que l’agriculture est une grande opportunité d’emploi mais toujours négigée par les jeunes.
Je termine par les propos du secrétaire général du gouvernement provincial, maître Paulin Tshimanga, qui a apprécié la pertinence du sujet et promis que « les recommendations de ce Face aux jeunes seront présentés au conseil des ministres du gouvernement provincial la semaine prochaine ».