Une dot surfacturée contribue à la masculinité toxique dans un mariage

En RDC, la dot est un élément qui fonde la légalité du mariage et la sécurité du couple. Elle est aussi vue comme un signe d’alliance entre deux familles. Cependant, avec le temps, la dot a perdu son caractère symbolique pour se transformer en un véritable business. Des sommes exorbitantes  sont souvent exigées. Cette surfacturation tient compte du niveau d’études, de la beauté, de la taille, etc., de la fille à marier.

Lors de la conférence #Faceauxjeunes tenue le 01 août 2020 à Mbujimayi, ces questions sont revenues dans le débat. Cette activité de Habari RDC avait pour thème : « La dot peut-elle contribuer à la masculinité toxique ? » A mon avis, une dot surfacturée contribue à la masculinité toxique. Car, le mari a tendance à croire qu’il a « acheté » la femme et peut faire d’elle ce qu’il veut.

La dot n’est ni un achat ni une vente

Josianne Muleka qui développait ce thème a soutenu la valeur symbolique de la dot. Pour elle, « la dot n’est ni un prix d’achat ni un prix de vente. C’est juste un symbole d’alliance entre deux familles. » Mais l’oratrice a déploré le fait que ce caractère symbolique de la dot ait fini par disparaître. Aujourd’hui, le versement de la dot s’accompagne de dépenses faramineuses imposées au mari. Parfois, ces dépenses atteignent jusqu’à 10 000 dollars dans certaines familles. En plus de ces milliers de dollars, on exige vaches, costumes, vélos, fusil de chasse, tissus-pagnes, ordinateur et même smartphone ! La liste n’est pas exhaustive. Ajoutez à cela le coût des festivités du mariage.

Je pense que le fait que le jeune époux doit prendre en charge le coût de toutes ces charges lui donne déjà beaucoup de pouvoirs sur son épouse. Et la femme elle-même craint de revendiquer ses droit de peur qu’on ne lui déclare le divorce, sachant que sa pauvre famille sera incapable de rembourser la dot.

L’Etat doit fixer un seuil

Pour éviter que la dot ne devienne un business, « l’Etat, en tant que premier protecteur des droits de l’homme, doit faire voter une loi qui fixe un seuil pour toute dot en RDC », a proposé Josianne Muleka. Étant donné que le mariage relève du droit civil, les mesures contraignantes doivent être prises, a-t-elle dit. L’Etat devra contraindre les créanciers dotaux à se conformer à une loi qui impose un montant maximal fixe pour toute dot. Cette position a été soutenue par la majorité des participants. D’autres par contre ont estimé que le prix de la dot devrait être laissé à l’appréciation des parents de la femme. Certains participants ont estimé que fixer un seuil de la dot serait un danger pour les familles et une sorte d’ingérence de l’Etat qui ne tient pas compte des cultures de nos différentes tribus.

Quant à moi, j’estime que la dot ne devrait pas être une pratique commerciale. Une réglementation en la matière s’avère plus que nécessaire.

Ronsard Luabeya