#VraiMobali : chers parents, la dot n’est pas une facture et la femme n’est pas une marchandise

La masculinité positive, j’en entendais parler. Grace à la campagne #VraiMobali, je m’y suis embarquée. J’ai assimilé et je défends cette cause. Une belle expérience de ma vie de bloggeuse et surtout d’activiste de droits des femmes.

Au lancement de la campagne #VraiMobali, le 1er juin, tout n’a pas été rose. Une contre-campagne a vite émergé, accusant #VraiMobali de vouloir occidentaliser l’homme congolais en lui faisant oublier sa coutume. Certaines personnes ont vu en la campagne une démarche d’inversion des tâches et responsabilités connues dès le bas-âge. Chemin faisant, je me rends compte que cette campagne en valait la peine. La perception d’un vrai homme dans la société congolaise est souvent biaisée, elle rime avec toxicité et la dot n’y est pas innocente.

La dot chez les luba

Lors du Face aux jeunes tenu le vendredi 14 août 2020, la problématique de la dot et son influence sur la toxicité de l’homme étaient au centre des échanges. L’intervenant, le Chef coutumier Muamba Mbuyi, a révélé que la dot (Biuma dans sa coutume) est en train de prendre des allures inquiétantes, perdant ainsi son caractère symbolique. Cette réalité est souvent vécue dans les grandes villes. A Kinshasa, les Luba, réputés conservateurs des valeurs coutumières, concoctent désormais des factures salées. Bénédicte Ntumba, une luba qui a participé à cette rencontre, affirme qu’elle a été dotée avec 3000 dollars américains. Cette somme, d’après ses oncles, comblait son diplôme de licence.

Autre chose, le Chef Muamba Mbuyi a avoué que la coutume Luba permet à un homme d’épouser plusieurs femmes. «Ce n’est pas de l’infidélité mais la coutume. L’infidélité, un nom féminin, ne s’atteste que quand il s’agit d’une femme», a expliqué sans remords l’intervenant qui se trouve être le président des chefs coutumiers du Kasaï central.

Oui, le prix élevé de la dot contribue à la masculinité toxique

L’exposé du Chef Muamba Mbuyi ainsi que les questions, suggestions et contributions des hommes présents convergent vers une même conclusion: le prix élevé de la dot contribue fortement à la masculinité toxique. Un homme qui a tellement dépensé pour la dot sans compter les autres cérémonies, risque de devenir toxique. Ceci doit changer! Chers parents, la fille n’est pas une marchandise et la dot n’est pas le remboursement de dépenses faites durant son enfance.

Personnellement, je ne comprends pas pourquoi on discute la dot. Pire, pourquoi elle est appelée «facture». Je pense qu’il est important et urgent de réfléchir sur comment légiférer la dot. Nos autorités peuvent réunir les chefs coutumiers autour de cette question en vue de trouver une solution durable à ce problème, cause de violences basées sur le genre.

Lynn Mazianda